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né à Besançon en 1802. C'est un artiste consommé en fait de langage; quand il écrit avec mesure, il a des pages comparables aux plus belles de celles des maîtres. On le regarde comme le chef de l'école romantique. En prose, il a écrit des drames, le Rhin (lettres), et des romans dont les plus beaux sont Notre-Dame de Paris et les Misérables (1862). En vers, il a donné Hernani, Ruy-Blas, et autres drames: et de magnifiques morceaux lyriques qui ont paru sous différents titres: Odes et Ballades (1822), les Orientales, les Feuilles d'automne, les Voix intérieures, les Rayons et les Ombres, les Contemplations (1856), et la Légende des Siècles (1859).)

VÉVEY, 21 septembre 1838.

Je vous écris cette lettre, cher Louis, à peu près au hasard, ne sachant pas où elle vous trouvera, ni même si elle vous trouvera. Où êtes-vous en ce moment? que faites-vous? Etes-vous à Paris ? êtes-vous en Normandie? Avez-vous l'œil fixé sur les toiles que votre pensée fait rayonner? Je ne sais ce que vous faites; mais je pense à vous, je vous écris et je vous aime.

Je voyage en ce moment comme l'hirondelle. Je vais devant moi cherchant le beau temps. Où je vois un coin de ciel bleu, j'accours. Les nuages, les pluies, la bise, l'hiver viennent derrière moi comme des ennemis qui me poursuivent, et recouvrent les pauvres pays à mesure que je les quitte. Il pleut maintenant à verse sur Strasbourg, que je visitais il y a quinze jours; sur Zurich, où j'étais la semaine dernière; sur Berne, où j'ai passé hier. Moi, je suis à Vévey, jolie petite ville, blanche, propre, anglaise, confortable, chauffée par les pentes méridionales du mont Chardonne comme par des poêles et abritée par les Alpes comme par un paravent. J'ai devant moi un ciel d'été, le soleil, des coteaux couverts de vignes mûres, et cette magnifique émeraude du Léman enchâssée dans des mon

tagnes de neige comme dans une orfèvrerie d'argent.-Je Vous regrette.-VICTOR HUGO.

EXERCICE.-Louis Boulanger répondra à Victor Hugo.

18. ALEXANDRE DUMAS À SON FILS.

(Alexandre DUMAS, le plus fécond des romanciers français, est né à Villers Cotterets en 1803. A une verve intarissable il joint un talent prodigieux pour conduire l'intrigue d'un drame ou d'un roman, et pour piquer la curiosité en ménageant l'intérêt. Presque tous ses romans sont bien accueillis du public; les plus intéressants sont les Trois Mousquetaires, les Mémoires d'un Médecin, le Comte de Monte-Cristo. Parmi ses drames, on remarque Henri III, Charles VII, &c.)

Ta lettre me fait grand plaisir, comme toute lettre de toi où je te vois en bonne disposition. Les vers latins qu'on te fait faire, et dont tu me demandes l'utilité, ne sont pas une chose bien importante; cependant apprendsen la mesure, pour que tu puisses scander la langue, et sentir tout ce qu'il y a d'harmonie dans les vers de Virgile et de laisser-aller dans ceux d'Horace.

Apprends le grec fortement, profondément, afin de pouvoir lire, dans l'original, Homère, Eschyle, Sophocle, Euripide et Aristophane, et apprendre le grec moderne en trois mois. Exerce-toi bien à prononcer l'allemand; plus tard, tu apprendras l'anglais et l'italien. Alors, et quand tu sauras tout cela, nous déciderons nous-mêmes, et ensemble, la carrière que tu dois suivre.

A propos ne néglige pas le dessin.

Dis à Charlieu de te donner non-seulement Shakspere, mais encore Dante et Schiller.

Puis ne t'en rapporte pas aux vers qu'on te fait lire au collége: les vers des professeurs ne valent généralement

pas grand'chose! Lis Corneille; apprends-en des morceaux par cœur. Corneille n'est pas toujours poétique, il est quelquefois avocassier; mais il parle toujours une belle langue, colorée et concise. Dis, de ma part, à Charpentier de te donner André Chénier. Lis tout Victor Hugo; lis Lamartine, mais seulement les Méditations et les Harmonies. Puis, fais toi-même un travail sur les choses que tu trouveras belles, et sur celles que tu trouveras mauvaises; tu me montreras ce travail à mon retour. Enfin, occupe-toi toujours, et repose-toi par la variété de tes occupations. Soigne ta santé surtout.

Je dis à D.

Adieu, mon cher enfant. vingt francs pour tes étrennes.

de te donner

P.S.-Lis Molière souvent, toujours. Apprends par cœur certains morceaux de Tartuffe, des Femmes Savantes, du Misanthrope, on a fait et l'on fera autre chose, mais on ne fera jamais rien, comme style, de plus beau que cela. Apprends par cœur le monologue de Charles-Quint d'Hernani, tout Marion Delorme, le monologue de SaintVallier et celui de Triboulet dans le Roi s'amuse, le discours d'Angelo † sur Venise; enfin, quoique j'aie peu de chose à mettre en comparaison avec les œuvres que je viens de te désigner, apprends de moi le récit de Stella dans Caligula, ainsi que la chasse au lion de Yakoub dans Charles VII. Voilà, parmi les anciens et les modernes, ce que je te conseille d'étudier. Plus tard tu passeras des détails à

l'ensemble.

Adieu, tu vois que je te traite en grand garçon, et que

+ On trouvera le morceau d'Angelo à la page 153 des French Studies.

je te parle raison. Tu vas avoir quinze ans au reste, et c'est tout simple que je te parle ainsi. Ta santé, ta santé avant toute chose: la santé, c'est dans l'avenir la source de tout, et même celle du talent.

EXERCICE.-Alexandre Dumas fils répondra à son

père.

19. LE LIEUTENANT-COLONEL DE SAINT-ARNAUD À SON FRÈRE M. LEROY DE SAINT-ARNAUD.

(Jacques Leroy DE SAINT-ARNAUD naquit à Paris en 1798. Officier actif, infatigable, plein de résolution et de prévoyance, il se distingua d'abord en Algérie t, puis il exécuta les mesures militaires qui devaient assurer le coup d'état du 2 décembre, et lors du rétablissement de l'Empire en 1852, il reçut le bâton de maréchal. Quand éclata la guerre avec la Russie, 1854, Saint-Arnaud fit une heureuse descente en Crimée, et, de concert avec Lord Raglan, il gagna la bataille de l'Alma; mais au moment d'attaquer Sébastopol, il succomba à une maladie qui le minait depuis longtemps. Il a laissé des Lettres, qui sont écrites avec beaucoup d'esprit et de naturel, et curieuses par leurs détails sur la conquête de l'Algérie.)

MARSEILLE, 14 février 1844.

CHER FRÈRE,-Je suis arrivé ici le 12, à quatre heures du soir; soixante-dix heures de voiture! .... Le Courrier d'Alger, qui doit partir le 15, n'était pas arrivé. Il était en retard de quarante-huit heures, mais le vent est terrible et tout-à-fait contraire. A huit heures du soir, il est entré dans le port et je puis t'annoncer bien officiellement qu'à moins d'un second déluge, je m'embarque (698.) demain 15, pour Alger, à cinq heures du soir, sur le magnifique bateau à vapeur l'Amsterdam.

L'Algérie, sur la côte septentrionale de l'Afrique, appartient à la France depuis 1830. La population indigène est d'environ 4 millions d'âmes; la population européenne n'excède pas 150,000, non compris l'armée d'occupation.

Le vent souffle, la mer est furieuse, mais vent et vagues me poussent vers Alger. La traversée sera pénible, mais courte. Pour m'amariner un peu et malgré le gros temps, je suis allé (234.) ce matin après déjeûner, dans une barque, voir mon Amsterdam, qui se balance au fond du bassin. J'ai examiné la cabine no. 7, qui est destinée à être le théâtre de mon supplice. J'ai fait préparer mon lit et pris toutes mes petites dispositions de combat. Si l'on n'était pas malade, on vivrait bien sur ces maisons flottantes. Il y a de tout, même un piano...

si on ne dansait pas assez sans cela.

....

comme

Me voilà donc encore une fois loin de toi, mon frère, et pour longtemps . . . . Cependant quelle différence entre cette séparation et toutes celles qui ont précédé! Je te Caisse heureux, dans ton ménage, avec un intérieur charmant. . . . Notre correspondance active va recommencer. e compte bien que ma sœur m'écrira quelquefois . . . . EXERCICE.-M. Leroy de St-Arnaud répondra à son

frère.

20. ROBERT DIMEUX DE FOUSSERON À TONY VATINEL.

(Alphonse KARR, célèbre romancier, journaliste et horticulteur, né à Paris en 1808, s'est surtout fait connaître par les Guêpes, satire mensuelle des mœurs et des ridicules du jour. La famille Alain est un de ses meilleurs romans. On trouvera des pages remplies a’originalité dans le Voyage autour de mon jardin.)

FOUSSERON, avril 18. . .

Voici faites, mon cher Tony, les réparations à notre château de Fousseron. Pierre Meglou m'avait alarmé, il ne s'agissait que de quelques tuiles à remettre. Le mois d'avril va finir, et avec lui le froid, la neige et la pluie; je

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