Lapas attēli
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paix; et moi, je parcours ce royaume comme une terre que j'aurais envie d'acheter. Je m'arrête où il me plaît, c'està-dire, presque partout; car ici il n'y a pas un trou qui n'ait quelque attrait pour un amateur de la belle nature et de l'antiquité. Ah! madame, l'antique! la nature! voilà ce qui me charme, moi; voilà mes deux passions de tout temps. Vous le savez bien. Mais je suis plus fort sur l'antique, ou, pour parler exactement, l'un est mon fort, l'autre est mon faible. Eh bien! que dites-vous? faudraitil autre chose que cette impertinence pour nous faire rire une soirée dans ce petit cabinet au fond du billard?

Je calcule avec impatience le temps où je pourrai recevoir votre réponse; n'allez pas vous aviser de n'en faire aucune. Ces silences peuvent être bons dans quelmais à la distance où nous sommes, cela ques occasions; ne signifierait rien. Je ne feindrai point de vous dire aussi que, fort peu exact moi-même à donner de mes nouvelles, je suis cependant fort exigeant, et fort pressé d'en recevoir de mes amis. Voilà la justice de ce monde. -P.-L. COURIER.

EXERCICE.-Madame Arnou répondra à Paul-Louis

Courier.

13. PAUL-LOUIS COURIER À LA PRINCESSE DE

SALM-DYCK.

(Constance de Théis naquit à Nantes en 1767 et mourut en 1845. Elle épousa en premières noces M. Pipelet de Leury, et en 1802, elle devint la femme du prince de Salm-Dyck. Elle se fit connaître par des poésies, qui la firent surnommer la Muse de la Raison.)

MADAME,-Je n'aurai pas le plaisir de dîner avec vous, et cela parce que je suis mort. Je m'enterrai hier avec les

cérémonies accoutumées pour traduire un livre grec. C'est une belle entreprise, dont je suis fort occupé. Ainsi je n'y renoncerai guère que dans huit on dix jours. Alors je ressusciterai, et je vous apparaîtrai. Ne soyez pas fâchée, madame, si je vous manque de parole. J'ai fait pis à madame Clavier. Après mille serments de dîner chez elle hier, je n'y suis point allé. Sérieusement je travaille comme un nègre. Je veux faire quelque chose, si je puis. Je pense à vous dans mon tombeau. J'en sortirai avant le jour du jugement, pour vous aller présenter mon respect. Mais ce sera le matin, si vous le permettez.

DE PROFUNDIS.

EXERCICE.-La princesse de Salm-Dyck dira qu'elle sera charmée de voir P.-L. Courier quand il aura fini son travail, etc

14. CASIMIR DELAVIGNE À UN CONFRÈRE. (Casimir DELAVIGNE, poète lyrique et dramatique, 1793-1843.) MONSIEUR, Votre confiance me touche et m'honore, mais elle est en même temps pour moi une source bien amère de chagrin. Homme de lettres comme vous, je suis riche ou pauvre selon les circonstances, et malheureusement mon théâtre, qui est toute ma fortune, et celle d'une famille nombreuse, ne me rapporte rien depuis un mois. Je me trouve donc dans l'impossibilité absolue de vous être utile. Croyez que je suis profondément affligé de ne pouvoir secourir un confrère, dont la position douloureuse m'inspire un si vif intérêt, et recevez, monsieur, avec l'expression de mes regrets, que je vous adresse du fond du cœur, l'assurance de ma considération la plus distinguée.

P.S.-D'après votre demande je vous renvoie la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'adresser.

Monsieur, je ne puis résister au sentiment tout à fait pénible que j'éprouve. Je vous envoie le seul objet de quelque prix que je possède. C'est une montre à répétition dont je vous prie de faire l'usage que vous voudrez. Vous ne m'en priverez pas, car je ne m'en servirais plus: elle me rappellerait à toutes les heures du jour qu'un homme malheureux s'est adressé à moi en vain, quand j'avais encore un moyen de lui être utile.

&c.

EXERCICE.-Le confrère de C. Delavigne remerciera,

15. ALEXIS DE TOCQUEVILLE À HENRY REEVE, ESQ.

(Alexis DE TOCQUEVILLE, homme politique, né en 1805, mort en 1859, est surtout connu par la Démocratie en Amérique, qui l'a placé au rang des premiers publicistes français.)

Vous devez tout au moins me croire mort, mon cher monsieur Reeve, car il n'y a pas moyen d'imaginer que je sois passé par Londres sans vous aller voir, ainsi que madame votre mère; et il est presque aussi invraisemblable que j'aie traversé Boulogne sans m'arrêter pour profiter du séjour qu'y fait, j'imagine, Madame Austin. Un seul mot peut expliquer tout cela. Je ne suis revenu en France ni par Londres ni par Boulogne. J'ai, aux environs de Cherbourg, un frère qui habite là pendant la belle saison, et de plus une petite propriété grande comme la main. Étant à Dublin, j'ai appris que mon frère était arrivé chez lui, et que le vent avait emporté le toit de ma maison; deux événements qui m'ont fait juger utile de me rendre en Normandie le plus tôt et par le plus court

chemin. Je suis donc descendu tout droit de Dublin, jusqu'à Southampton, et de là j'ai regagné la côte française, sans avoir la moindre tempête à vous raconter. Ma justification étant ainsi complète, parlons de vous. Qu'êtes-vous devenu depuis que je vous ai quitté ? Avezvous vécu dans le bon air de Hampstead, ou êtes-vous descendu jusque dans les fumées de Londres ? Au milieu de vos autres occupations, avez-vous continué la Démocratie? J'ai eu le plaisir, durant mon voyage en Angleterre et en Irlande, de voir plusieurs exemplaires du premier volume, et de recevoir sur la traduction des compliments que je vous renvoie très exactement. Je fais ici ma troisième édition.

Je ne vous dis rien sur notre politique. J'arrive. Je n'ai encore fait de visite à personne. Étant réduit à mes seules ressources, je ne saurais que vous dire que je désire vivement vous revoir, et qu'il faut, de toute nécessité, que vous veniez bientôt faire un petit voyage en France. Rappelez-vous d'ailleurs que vous avez à moi un certain nombre de documents américains et souvenez-vous que je ne les reçois que si vous les apportez vous-même.

En attendant, recevez, je vous prie, l'assurance de mon bien sincère attachement.

EXERCICE.-M. Reeve répondra à Alexis de Tocque

ville.

16. HONORÉ DE BALZAC À SA SŒUR, (Mme de Surville.)

(Honoré DE BALZAC, né à Tours en 1799, mourut en 1850, en laissant la réputation d'un des plus féconds et des plus remarquables romanciers de l'époque. Balzac est en général un peintre exact de la société contemporaine, mais il se plaît trop souvent à la copier par ses côtés les plus hideux.)

J'ai de bonnes nouvelles à t'annoncer, sœurette, les Revues me paient plus cher mes feuilles. Hé! Hé!

Werdet m'annonce que mon Médecin de Campagne a été vendu en huit jours. Ha! ha!

J'ai de quoi faire face aux grosses échéances de novembre et décembre qui t'inquiétaient. Ho! ho!

Tout va donc bien. Encore quelques efforts, et j'aurai triomphé d'une grande crise par un faible instrument: une plume!

Si rien ne vient à la traverse, en 1836 je ne devrai plus qu'à ma mère, et quand je songe à mes désastres et aux tristes années que j'ai traversées, je ne puis me défendre de quelque fierté en pensant qu'à force de courage et de travail j'aurai conquis ma liberté.

Cette pensée m'a rendu si joyeux, que l'autre soir j'ai fait avec Surville des projets, où vous étiez comptés, mes amis. Je lui faisais bâtir une maison près de la mienne; nos jardins se touchaient, nous mangions ensemble les fruits de nos arbres... J'allais bien !...

Le bon frère a souri en levant les yeux au ciel; il y avait bien de l'affection pour toi et pour moi dans ce sourire, mais j'y ai vu aussi que ni lui ni moi ne tenious encore nos maisons; n'importe, les projets soutiennent le courage, et que Dieu me conserve la santé, nous aurons nos maisons, ma bonne sœur !......

EXERCICE.-Madame de Surville répondra à son frère.

17. VICTOR HUGO À LOUIS BOULANGER+.

(Victor HUGO, l'un des plus grands écrivains du XIXe siècle, est

+Louis Boulanger, peintre français, né en 1806, a illustré les œuvres de Victor Hugo, et lui a emprunté les sujets de plusieurs de ses meilleurs tableaux.

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