Lapas attēli
PDF
ePub

quelques pinceaux, une palette et un chevalet, et revint se mettre à genoux devant son crucifix.

CONSEILS.

Vous pouvez donner une idée du tableau et nous dire pourquoi il est admirable: ce ne sera pas un détail oiseux, puisqu'il joue un rôle important, et qu'il s'agit d'en découvrir l'auteur. Vous soupçonnez bien, vous, quel est cet auteur que l'on cherche; vous ferez parler vos personnages en conséquence. Vous montrerez la curiosité, l'enthousiasme, le désespoir de Rubens, et en face de cet artiste exalté la figure impassible du prieur, sur laquelle pourtant un œil prévenu lirait une pensée vive. Le trait qui termine doit lever un coin du voile qui cache la vérité, sans l'arracher entièrement. Prenez garde de faire tort à l'humilité du moine en voulant la montrer. L'humilité qui s'affiche n'est plus de l'humilité.

P

MODÈLES ET EXERCICES DE STYLE

ÉPISTOLAIRE.

1. QUELQUES RÈGLES GÉNÉRALES SUR LA MANIÈRE D'ÉCRIRE.

MA CHÈRE LOUISE,-Je veux vous donner aujourd'hui quelques règles générales sur la manière d'écrire. Quelque soit l'âge de la personne qui prend la plume, il faut qu'elle s'occupe avant tout d'exprimer ses pensées avec toute la clarté, toute la lucidité désirable, et qu'elle ne parle que de choses qu'elle comprend parfaitement; toute espèce d'affectation est ridicule, de quelque genre qu'elle puisse être; et le premier de tous les charmes est le naturel, comme la franchise a, dans tous les temps, passé à juste titre pour la plus aimable de toutes les qualités. Il faut aussi que vous vous étudiiez à éviter les répétitions; beaucoup de personnes se sont fait des expressions favorites qu'elles répètent à toute heure; rien n'est plus insipide. Quand vous aurez quelques années de plus, nous parlerons de l'élégance et de l'harmonie du style, et nous étudierons ensemble quelque bon ouvrage qui vous instruira beaucoup mieux que toutes les leçons que je pourrais vous donner. Adieu, mon enfant.-(MADAME DE GENLIS.)

(Madame de GENLIS, née Stéphanie de St Aubin (1746-1831), était la nièce de Mme de Montesson, qui avait épousé en secret le duc d'Orléans; elle fut chargée de l'éducation des enfants du duc de Chartres, dont l'un devint plus tard le roi Louis-Philippe. Elle composa des romans, et surtout des ouvrages d'éducation qui eurent beaucoup de succès.)

EXERCICE. Louise répondra qu'elle fera de son mieux, &c.

2. LETTRE À UNE JEUNE PENSIONNAIRE.

N'oubliez

MA CHÈRE JULIETTE, J'ai reçu hier votre lettre. Votre écriture s'est améliorée, mais toutes vos lettres ont deux ou trois pâtés; puis il est bien rare que vous ne les pliiez pas de travers, malgré les recommandations que votre mère ou votre professeur a dû vous faire. pas, ma chère Juliette, que tout ce qui sort des mains d'une femme doit avoir un cachet d'élégance et de propreté. Je ne sais pas non plus pourquoi vous écrivez depuis quelque temps sur une toute petite feuille de papier. Il est ridicule et presque impoli d'écrire à ses amies sur un pareil format: c'est annoncer qu'on n'a que très peu de chose à dire, et que la personne à laquelle on écrit ne ઘે mérite pas qu'on fasse de grands frais pour elle. Je m'étonne que vous ne fassiez pas attention à ces petits riens, que votre tante et moi vous avons fait si souvent remarquer. Quant à l'orthographe, je constate avec plaisir que vous y donnez tous vos soins. Adieu, ma chère Juliette; vous voyez que, malgré le chagrin et la fatigue. qui m'accablent, je m'occupe toujours de vous.-(MADAME DE GENLIS.)

EXERCICE. Juliette promettra de suivre les conseils qui se trouvent dans la lettre, etc.

3. Mme DE SÉVIGNÉ À SA FILLE, Mme DE GRIGNAN,

QUI ÉTAIT ALORS EN PROVENCE AVEC SON MARI, GOUVERNEUR DE CETTE PROVINCE.

(Lisez la notice sur Mme de Sévigné p. 81 des French Studies, et sa lettre à Mme de Grignan p. 295 du même ouvrage.)

[ocr errors]

LIVRY †, 29 avril 1671.
Je partis hier

J'ai fait un fort joli voyage.

assez matin de Paris; j'allai dîner à Pomponne... . . Après six heures de conversation très agréable, quoique très sérieuse, je quittai notre bonhomme ‡, et vins ici, où je trouvai tout le triomphe du mois de mai: le rossignol, le coucou, la fauvette, ont ouvert le printemps dans nos forêts; je m'y suis promenée tout le soir toute seule ; j'y ai trouvé toutes mes tristes pensées; mais je ne veux plus vous en parler. J'ai destiné une partie de cette après-dînée à vous écrire dans le jardin, où je suis étourdie de trois ou quatre rossignols qui sont sur ma tête. Ce soir je m'en retourne à Paris, pour faire mon paquet et vous l'envoyer.

Ma fille, vous souhaitez que le temps marche, pour nous revoir; vous ne savez ce que vous faites; vous y serez attrapée: il vous obéira trop exactement, et quand vous voudrez le retenir, vous n'en serez plus la maîtresse. J'ai fait autrefois les mêmes fautes que vous; je m'en suis repentie; et, quoique le temps ne m'ait pas fait tout le mal qu'il fait aux autres, il ne laisse pas de m'avoir ôté mille petits agréments qui ne laissent que trop de marques de son passage.

[ocr errors]

N'avez-vous point trouvé jolies les cinq ou six fables de La Fontaine qui sont dans un des tomes que je

+ Livry,

peu de distance de Paris, était l'abbaye de M. de Coulanges, oncle de Mme de Sévigné.

Arnauld d'Andilly, âgé alors de 83 ans.

vous ai envoyés ? Nous en étions ravis l'autre jour chez M. de La Rochefoucauld; nous apprîmes par cœur celle du Singe et du Chat. Cela est peint.

....

Vous avez écrit un billet admirable à Brancas†; il vous écrivit l'autre jour une main tout entière de papier : c'était une rapsodie assez bonne; il nous la lut à Mme de Coulanges et à moi; je lui dis: "Envoyez-la-moi donc tout achevée pour mercredi." Il me dit qu'il n'en ferait rien, qu'il ne voulait pas que vous la vissiez; que cela était trop sot et trop misérable. "Pour qui nous prenezvous? vous nous l'avez bien lue."- "Tant y a que je ne veux pas qu'elle la lise." Voilà toute la raison que j'en ai eue; jamais il ne fut si fou . . . . Que dites-vous, mon enfant, de l'infinité de cette lettre? Si je voulais, j'écrirais jusqu'à demain. Conservez-vous, c'est ma ritournelle continuelle . . . . Pensez-vous que je n'aille point vous voir cette année ? Hélas! c'est bien moi qui dois dire qu'il n'y a plus de pays fixe pour moi, que celui où vous. êtes. Votre portrait triomphe sur ma cheminée; vous êtes adorée maintenant en Provence, et à Paris, et à la cour, et à Livry . . . . Je vous embrasse et vous aime, et vous le dirai toujours, parce que c'est toujours la même. chose. J'embrasserais ce fripon de Grignan, si je n'étais fâchée contre lui.

Maître Paul mourut § il y a huit jours; notre jardin en est tout triste.-Mme DE SÉVIGNÉ (1626–1696).

EXERCICE.-Madame de Grignan répondra à sa mère.

Le duc de Brancas était l'homme le plus distrait de son temps.
Maître Paul était le jardinier de Livry.

§ On dirait aujourd'hui est mort, mais le passé défini était alors d'un usage beaucoup plus fréquent que le passé indéfini.

« iepriekšējāTurpināt »