Lapas attēli
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que je fisse. Il était rare que ma mauvaise humeur durât plus d'une heure; Joseph était alors récompensé par mes remercîments et par ce que je lui avais promis. Je dois au pauvre Joseph une demi-douzaine au moins des volumes que j'ai publiés.

Mettez cet extrait dans la bouche de Joseph, qui commencera ainsi : Dans sa jeunesse, mon maître aimait beaucoup à dormir, &c.

PERMUTATION DE FORME.

LA MORT D'UN AMI.

J'en avais un; la mort me l'a ôté : elle l'a saisi au commencement de sa carrière, au moment où son amitié était devenue un besoin pressant pour mon cœur. Nous nous soutenions mutuellement dans les travaux pénibles de la guerre, et, dans les circonstances malheureuses où nous sommes, l'endroit où nous vivions ensemble était pour nous une nouvelle patrie. Je l'ai vu en butte à tous les périls de la guerre, et d'une guerre désastreuse. La mort semblait nous épargner l'un pour l'autre; elle épuisa mille fois ses traits autour de lui sans l'atteindre; mais c'était pour me rendre sa perte plus sensible. Le tumulte des armes, l'enthousiasme qui s'empare de l'âme à l'aspect du danger auraient peut-être empêché ses cris d'aller jusqu'à mon cœur; sa mort eût été utile à son pays et funeste aux ennemis. Je l'aurais moins regretté; mais le perdre au milieu des délices d'un quartier d'hiver! le voir expirer dans mes bras au moment où il paraissait regorger de santé, au moment où notre liaison se resserrait encore

dans le repos et la tranquillité! Ah! je ne m'en consolerai jamais.

Cependant sa mémoire ne vit plus que dans mon cœur; elle n'existe plus parmi ceux qui l'environnaient et qui l'ont remplacé : cette idée me rend plus pénible le sentiment de sa perte. La nature, indifférente de même au sort des individus, remet sa robe brillante du printemps, et se pare de toute sa beauté autour du cimetière où il repose; les arbres se couvrent de feuilles et entrelacent leurs branches; les oiseaux chantent sous le feuillage; les mouches bourdonnent parmi les fleurs: tout respire la joie et la vie dans le séjour de la mort; et le soir, tandis que la lune brille dans le ciel, et que je médite près de ce triste lieu, j'entends le grillon poursuivre gaîment son chant infatigable, caché dans l'herbe qui couvre la tombe silencieuse de mon ami. La destruction insensible des êtres et tous les malheurs de l'humanité sont comptés pour rien dans le grand tout. La mort d'un homme sensible, qui expire au milieu de ses amis désolés, et celle d'une papillon que l'air froid du matin fait périr dans le calice d'une fleur, sont deux époques semblables dans le cours de la nature : l'homme n'est rien qu'un fantôme, une ombre, une vapeur, qui se dissipe dans les airs . . .-XAVIER DE MAISTRE (1764–1852), Voyage autour de ma chambre. Mettez cet extrait sous la forme de l'interrogation négative.

DES CONTRAIRES.

Transposez les deux sujets suivants, en prenant la contre-partie des mots en italique.

1. L'ÉCOLIER paresseux.

Je hais un mauvais élève, toujours oisif, distrait, in

appliqué; il trouve que les heures s'écoulent trop lentement, car le temps mal employé parait long; l'étude l'ennuie, la lecture le fatigue, le travail est une peine pour lui; il trouve tout difficile, et il échoue dans les choses les plus simples; aussi ses camarades le méprisent, son maître le punit; sa mère, qui est malheureuse de sa mauvaise volonté, lui adresse des reproches: ce sera plus tard un ignorant orgueilleux; car l'orgueil est le compagnon ordinaire de l'ignorance, ou, pour nous servir des paroles du Sage: L'orgueil et la sottise marchent toujours de compagnie. Je plains le sort d'un semblable enfant; et qui ne le plaindrait, si l'on considère qu'une mauvaise éducation est la source du vice et le germe de tous les maux ?— PIERRE LAROUSSE.

2. LE PRINTEMPS.

Le joyeux printemps est une saison de vie et de mouvement; les premières chaleurs sont le signal du réveil de la nature: tout renaît; les arbres se couvrent de leurs feuilles, et les bocages, égayés par le chant des oiseaux, reprennent leur verte parure. La sève, longtemps captive, circule dans les vaisseaux et va nourrir les branches; les troupeaux quittent leurs étables et se répandent dans les campagnes ; le laboureur s'arrache au repos et retourne aux travaux champêtres. Les jours sont plus longs, les nuits plus courtes; le soleil reste plus longtemps sur l'horizon, et nous envoie plus perpendiculairement sa lumière et ses rayons. Quels riants tableaux présente alors la nature embellie-PIERRE LAROUSSE.

SYNONYMIE.

L'HOMME, d'après Buffon, (p. 184.)

Remplacez les mots en italique par leurs synonymes, de manière que le sens soit le moins possible altéré.

Tout annonce dans l'homme, même au dehors, sa supériorité sur tous les êtres animés. Il se tient droit et élevé; sa pose est celle de l'autorité; sa tête regarde le ciel et montre une face auguste sur laquelle est gravé le caractère de sa dignité; l'image de l'âme est tracée par la physionomie; l'excellence de sa nature se montre à travers ses organes matériels et anime d'un feu céleste les traits de son visage; son port imposant, sa démarche ferme et hardie annoncent sa noblesse et son rang; il n'est en contact avec la terre que par ses extrémités les plus éloignées, il la voit de haut et paraît la dédaigner. Les bras ne lui sont pas donnés pour servir de points d'appui au poids de son corps; sa main ne doit pas presser la terre et perdre par des frottements réitérés la finesse du toucher dont elle est le plus important instrument; le bras et la main sont faits pour servir à des usages plus élevés, pour accomplir les ordres de la volonté, pour éloigner les obstacles, pour empêcher la rencontre et le choc de tout ce qui pourrait blesser, pour saisir et retenir ce qui peut plaire, pour le mettre à la portée des autres sens.

L'ACADÉMIE SILENCIEUSE.

Remplacez les mots en italiques par leurs synonymes de manière que le sens soit le moins possible altéré.

1. Il y avait à Amadan † une célèbre académie, dont le

Amadan (ou Hamadan), ville de Perse, a été longtemps florissante sous les Sophis: mais depuis sa prospérité a toujours été en décroissant.

premier statut était conçu en ces termes: LES ACADÉMICIENS PENSERONT BEAUCOUP, ÉCRIRONT PEU, ET NE PARLERONT QUE LE MOINS QU'IL SERA POSSIBLE. On l'appelait L'ACADÉMIE SILENCIEUSE, et il n'était point en Perse de vrai savant qui n'eût l'ambition d'y être admis.

2. Le (393.) docteur Zeb, auteur d'un petit livre excellent, intitulé LE BÂILLON, apprit, au fond de sa province, qu'il y avait une place vacante à l Académie silencieuse. Il part (696.) aussitôt; il arrive à Amadan, et se présentant à la porte de la salle où les académiciens sont assemblés, il prie l'huissier de remettre au président ce billet: LE DOCTEUR ZEB DEMANDE HUMBLEMENT LA PLACE VACANTE. L'huissier s'acquitta sur-le-champ de la commission; mais le docteur et son billet arrivaient trop tard: la place était déjà remplie.

3. L'Académie fut désolée de ce contre-temps; elle avait reçu, un peu malgré elle, un bel esprit de la cour, dont l'éloquence vive et légère faisait l'admiration de tous les cercles, et elle se voyait réduite à refuser le docteur Zeb, le fléau des bavards, une tête si bien faite, si bien meublée! Le président, chargé d'annoncer au docteur cette nouvelle désagréable, ne pouvait s'y résoudre, et ne savait comment s'y prendre. Après avoir un peu rêvé, il fit remplir d'eau une grande coupe, mais si bien remplir, qu'une goutte de plus eût fait déborder la liqueur. Puis il fit signe qu'on introduisît le candidat. Il parut avec cet air simple et modeste, qui annonce presque toujours le vrai mérite. Le président se leva, et sans proférer une seule parole, il lui montra, d'un air afligé, la coupe emblématique †, cette coupe si exactement pleine. Le docteur comprit de reste qu'il

+ On lit problématique dans certaines éditions de cet apologue.

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