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la conscience une philosophie, et l'on exprimera en abrégé ce mysticisme moral en disant que Dieu, pour Carlyle, est un mystère dont le seul nom est l'idéal.

IV

Cette faculté d'apercevoir dans les choses le sens intérieur, et cette disposition à rechercher dans les choses le sens moral, ont produit en lui toutes ses doctrines, et d'abord son christianisme. Ce christianisme est fort libre; Carlyle prend la religion à l'allemande, d'une façon symbolique. C'est pourquoi on l'appelle panthéiste : ce qui, en bon français moderne, signifie fou ou scélérat. En Angleterre aussi, on l'exorcise. Son ami Sterling lui envoie de longues dissertations pour le ramener au Dieu personnel. A chaque instant il blesse au vif les théologiens qui font de la cause primitive un architecte ou un administrateur. Il les choque encore bien mieux quand il entre dans le dogme; il considère le christianisme comme un mythe dont l'essence est «< l'adoration de la douleur. Son temple, fondé il y << a dix-huit siècles, gît en ruines maintenant, re« couvert de végétations parasites, habité par des «< créatures plaintives. Avance pourtant: dans une

the True, Divine, Eternal, which exists always, unseen to most, under the Temporary, Trivial; his being is in that.... His life is a piece of the everlasting heart of nature itself.

(On Heroes, p. 245.)

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crypte basse, qui a pour arche des fragments qui croulent, tu trouveras encore l'autel et la lampe « sacrée qui brûle éternellement'. » Mais ses gardiens ne la connaissent plus. Une friperie de décorations officielles la cache aux regards des hommes. L'Église protestante au dix-neuvième siècle, comme l'Église catholique au seizième siècle, a besoin d'une réforme. Il nous faut un nouveau Luther. « Car, « ́dit-il dans son livre du Tailleur, l'Église est l'ha

bit, le tissu spirituel et intérieur, qui administre « la vie et la chaude circulation à tout le reste; sans lui, le cadavre, et jusqu'à la poussière de la société, finiraient par s'évaporer et s'anéantir. Cependant, en notre âge du monde, ces habits ecclé

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siastiques se sont misérablement percés aux « coudes. Bien pis, la plupart d'entre eux sont de« venus de simples formes creuses, des masques << sous lesquels nulle figure vivante, nul esprit n'ha<< bite encore, où il n'y a plus que des araignées et «< de sales phalènes, horrible amas, qui de leurs << pattes tracassent à leur métier. Et ce masque fixe <<< encore sur vous ses yeux de verre, avec un lugubre « simulacre de vie. Depuis une génération ou deux, <«< la religion s'est retirée de lui, et, dans des coins " que nul ne remarque, elle se tisse silencieusement

1. Knowest thou that "Worship of sorrow?" The Temple thereof, founded some eighteen centuries ago, now lies in ruins, overgrown with jungle, the habitation of doleful creatures. Nevertheless, venture forward in a low crypt, arched out of falling fragments, thou findest the altar still there, and its sacred lamp perennially burning.

de nouveaux vêtements dans lesquels elle appa« raîtra de nouveau pour nous ranimer, nous, nos fils, ou nos petits-fils'. >> - Une fois le christianisme réduit au sentiment de l'abnégation, les autres religions reprennent par contre-coup leur dignité et leur importance. Elles sont, comme le christianisme, des formes de la religion universelle. «Elles renfer«ment toutes une vérité, autrement les hommes ne «<les auraient pas embrassées. » Elles ne sont pas une imposture de charlatans ni un jeu d'imaginations poétiques. Elles sont une vue plus ou moins trouble

1. For if Government is, so to speak, the outward SKIN of the Body Politic, holding the whole together and protecting it; and if all your craft-guilds, and Associations for industry, of hand or of head, are the fleshy clothes, the muscular and osseous tissues (lying under such SKIN), wereby Society stands and works; then is Religion the inmost pericardial and nervous tissue which ministers life and warm circulation to the whole.

Meanwhile, in our era of the world, those church-clothes have gone sorrowfully out at elbows: nay, far worse, many of them have become mere hllow shapes, or masks, under which no living Figure or Spirit any longer dwells; but only spiders and unclean beetles, in horrid accumulation, drive their trade; and the mask still glares on you with his glass-eyes, in ghastly affectation of life, some generation and half after Religion has quite withdrawn from it, and in unnoticed nooks is weaving for herself new vestures, wherewith to reappear, and bless us, or our sons and grandsons.

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2. On Heroes, 6, 191-92; 14, 217. Past and Present.

Canopus shining down over the desert, with it blue diamond brightness (that wild blue spirit-like brightness far brighter than we ever witness here) would pierce into the heart of the wild Ishmaelitish man, whom it was guiding through that solitary waste there. To his wild heart, with all feelings in it, with no speech for any feeling, it might seem a little eye, that Canopus, glancing out on him from the great deep Eternity, revealing the inner splendour to him. (On Heroes, p. 14.)

LITT. ANGL.

IV- 20

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du mystère auguste et infini qui est au fond de l'univers. « Le plus grossier païen qui adora l'étoile Ca<< nope ou la pierre noire de la Caaba y reconnaissait « une beauté, un sens divin.... Canope luisant sur « le désert, avec son éclat de diamant bleuâtre (cet « étrange éclat bleuâtre qui semble celui d'un esprit), perçait jusqu'au cœur du sauvage Ismaélite qu'elle guidait à travers le désert vide. Pour ce cœur sau« vage, plein de toutes les émotions, sans langage << pour aucune émotion, elle pouvait sembler un petit œil, cette étoile Canope, qui le regardait du plus profond de l'éternité et lui révélait la splen<< deur intérieure. » Le culte du grand Lama, le papisme lui-même, interprètent à leur façon le sentiment du divin; c'est pourquoi le papisme lui-même est respectable. « Qu'il dure aussi longtemps qu'il pourra » (ceci est bien hardi en Angleterre), aussi longtemps qu'il pourra guider une vie pieuse. On l'appelle idolâtrie, peu importe. Qu'est-ce qu'une idole, sinon un symbole, une chose vue ou imaginée qui représente le divin? « Toutes les religions sont des symboles. Le plus rigoureux pu<«<ritain a sa confession de foi, sa représentation «< intellectuelle des choses divines. Toutes les croyan<«< ces, les liturgies, les formes religieuses, les conceptions dont se revêt le sentiment religieux, sont « en ce sens des idoles, des choses vues. Tout culte « doit s'accomplir par des symboles, des idoles ; « nous pouvons dire que toute idolâtrie est comparative, et que la pire idolâtrie n'est qu'une idolà

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« trie plus grande. » La seule qui soit détestable est celle d'où le sentiment s'est retiré, qui ne consiste qu'en cérémonies apprises, en répétition machinale de prières, en profession décente de formules qu'on n'entend pas. La vénération profonde d'un moine du douzième siècle prosterné devant les reliques de saint Edmond valait mieux que la piété de convenance et la froide religion philosophique d'un protestant d'aujourd'hui. Quel que soit le culte, c'est le sentiment qui lui communique toute sa vertu. Et ce sentiment est le sentiment moral. « La seule fin', la « seule essence, le seul usage de toute religion pas«sée, présente ou à venir, est de garder vivante et «< ardente notre conscience morale, qui est notre « lumière intérieure. Toute religion est venue ici « pour nous rappeler plus ou moins bien ce que nous « savons déjà plus ou moins bien, à savoir qu'il y a << une différence absolument infinie entre un homme « de bien et un homme méchant, pour nous ordon<< ner d'aimer l'un infiniment, d'abhorrer et d'éviter « l'autre indéfiniment, de nous efforcer infiniment « d'être l'un et de n'être point l'autre 2. » — « Toute

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1. Past and Present, p. 305, 270.

2. The one end, essence and use of all religion past, present, and to come, is this only to keep the same moral conscience or inner light of ours alive and shining.... All Religion was here. to remind us better or worse of what we already know better or worse of the quite infinite difference there is between a good man and a bad; to bid us love infinitely the one, abhor and avoid infinitely the other; strive infinitely to be the one and not to be the other. "All religion issues in due practical Hero-worship. ' (Past and Present, p. 305.)

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