Lapas attēli
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pour exprimer cette fraîcheur de teintes et cette abondance de sève. A mesure que la grande ligne d'ombre reculait, les fleurs apparaissaient au jour brillantes et vivantes. A les voir virginales et timides dans ce voile doré, on pensait aux joues empourprées, aux beaux yeux modestes d'une jeune fille qui, pour la première fois, met son collier de pierreries. Autour d'elles, comme pour les garder, des arbres énormes, vieux de quatre siècles, allongeaient leurs files régulières; et j'y trouvais une nouvelle trace de ce bon sens pratique qui a accompli des révolutions sans commettre de ravages, qui, en améliorant tout, n'a rien renversé, qui a conservé ses arbres comme sa constitution, qui a élagué les vieilles branches sans abattre le tronc, qui seul aujourd'hui, entre tous les peuples, jouit, non seulement du présent, mais du passé.

CHAPITRE VI.

La poésie. Tennyson.

I. Son talent et son œuvre. · - Ses débuts.

- En quoi il s'opposait

aux poètes précédents. - En quoi il les continuait.

II. Première période.

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- Ses portraits de femmes.

Délicatesse et raffinements de son sentiment et de son style. - Variété de ses émotions et de ses sujets. —Sa curiosité littéraire et son dilettantisme. The Dying Swan.. The Lotos-Eaters.

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III. Deuxième période. — Sa popularité, son bonheur et sa vie. Sensibilité et virginité permanente du tempérament politique. En quoi il est d'accord avec la nature. Locksley Hall. - Changement de sujet et de style. — Explosion violente et accent personnel. · Maud.

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IV. Retour de Tennyson à son premier style.
Élégance, froideur et longueur de ce poème.

The Princess.

In Memoriam.

Il faut que le su

jet et le talent soient d'accord. — Quels sujets conviennent à l'artiste dilettante. Comparaison de ce poème et d'As you like it. - Le monde fantastique et pittoresque. Comment Tennyson retrouve les songes et le style de la Renaissance. V. Comment Tennyson retrouve la naïveté et la simplicité de l'ancienne épopée. - Les Idylles du roi. - Pourquoi il a renouvelé l'épopée de la Table-Ronde. - Pureté et élévation de ses modèles et de sa poésie. Elaine. La mort d'Arthur.

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Manque de passion personnelle et absorbante. Flexibilité et désintéressement de son esprit. Son talent pour se métamorphoser, pour embellir, et pour épurer.

VI. Son public. Le monde en Angleterre. — La campagne. - Le
confort.
L'éducation.
L'élégance.
Les habitudes.

En

quoi Tennyson convient à un pareil monde. Le monde en La vie parisienne. Les plaisirs. La représentation.

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Lorsque Tennyson publia ses premiers poèmes, les critiques en dirent du mal. Il se tut; pendant dix ans, personne ne vit son nom dans une revue, ni même dans un catalogue. Mais, quand il parut de nouveau devant le public, ses livres avaient fait leur chemin tout seuls et sous terre, et, du premier coup, il passa pour le plus grand poète de son pays et de son temps.

On se trouva surpris, et d'une surprise charmante. La puissante génération de poètes qui venait de s'éteindre avait passé comme un orage. Ainsi que leurs devanciers du seizième siècle, ils avaient emporté et précipité tout jusqu'aux extrêmes. Les uns avaient ramassé les légendes gigantesques, accumulé les rèves, fouillé l'Orient, la Grèce, l'Arabie, le moyen age, et surchargé l'imagination humaine des couleurs et des fantaisies de tous les climats. D'autres s'étaient guindés dans la métaphysique et la morale, avaient rêvé infatigablement sur la condition humaine, et passé leur vie dans le sublime et le monotone. D'autres, entre-choquant le crime et l'héroïsme,

avaient promené, parmi les ténèbres et sous les éclairs, un cortège de figures contractées et terribles, désespérées par leurs remords, illuminées par leur grandeur. On voulait se reposer de tant d'efforts et de tant d'excès. Au sortir de l'école imaginative, sentimentale ou satanique, Tennyson parut exquis. Toutes les formes et toutes les idées qui venaient de plaire se retrouvaient chez lui, mais épurées, modérées, encadrées dans un style d'or. Il achevait un âge, il jouissait de ce qui avait agilé les autres; sa poésie ressemblait aux beaux soirs d'été : les lignes du paysage y sont les mêmes que pendant le jour; mais l'éclat de la coupole éblouissante s'est émoussé; les plantes rafraîchies se relèvent, et le soleil, calme au bord du ciel, enveloppe harmonieusement, dans un réseau de rayons roses, les bois et les prairies que tout à l'heure il brûlait de sa clarté.

I

Ce qui attira d'abord, ce furent ses portraits de femmes. Adeline, Éléonore, Lilian, la Reine de Mai, étaient des personnages de keepsake, sortis de la main d'un amoureux et d'un artiste. Ce keepsake est doré sur tranches, brodé de fleurs et d'ornements, paré, soyeux, rempli de délicates figures toujours fines et toujours correctes, qu'on dirait esquissées à la volée, et qui pourtant sont tracées avec réflexion sur le vélin blanc que leur contour effleure, toutes choisies

pour reposer et pour occuper les molles mains blanches d'une jeune mariée ou d'une jeune fille. J'ai traduit bien des idées et bien des styles, je n'essayerai pas de traduire un seul de ces portraits-là. Chaque mot y est comme une teinte, curieusement rehaussée ou nuancée par la teinte voisine, avec toutes les hardiesses et les réussites du raffinement le plus heureux. La moindre altération brouillerait tout. Et ce n'est pas trop d'un art si juste, si consommé, pour peindre les mièvreries charmantes, les subites fiertés, les demi-rougeurs, les caprices imperceptibles et fuyants de la beauté féminine. Il les oppose, il les harmonise, il fait d'elles comme une galerie. Voici l'enfant folâtre, la petite fée voltigeante qui bat des mains, et << de ses yeux noirs, malicieusement, vous regarde en face, et se sauve, pendant que ses rires éclatants creusent des fossettes dans les roses enfantines de ses joues. » Voici la blonde pensive qui songe, ses grands yeux bleus tout ouverts, fleur aérienne et vaporeuse, <«< comme un lis penché sur un buisson de roses et que le soleil mourant traverse de sa lumière, » faiblement souriante, « pareille à une naïade qui, au fond d'une source, regarde le déclin du jour »>. Voici la changeante Madeline, soudain rieuse, puis soudain boudeuse, puis encore gaie, puis encore fâchée, puis incerlaine entre les deux, étranges sourires, « délicieuses colères, qui ressemblent à de petits nuages frangés par le soleil1». - Le poète revenait avec com

1.

Frowns perfect-sweet along the brow.

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