Lapas attēli
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, extraordinaires, et l'auteur verse sur les objets qu'il se figure quelque chose de la passion surabondante dont il est comblé. Les pierres pour lui prennent une voix, les murs blancs s'allongent comme de grands fantômes, les puits noirs bâillent hideusement et mystérieusement dans les ténèbres; des légions d'êtres étranges tourbillonnent en frissonnant dans la campagne fantastique; la nature vide se peuple; la matière inerte s'agite. Mais les images restent nettes; dans cette folie, il n'y a ni vague ni désordre; les objets imaginaires sont dessinés avec des contours aussi précis et des détails aussi nombreux que les objets réels, et le rêve vaut la vérité.

Il y a, entre autres, une description du vent de la nuit bizarre el puissante, qui rappelle certaines pages de Notre-Dame de Paris. La source de cette description, comme de toutes celles de Dickens, est l'imagination pure. Il ne décrit point, comme Walter Scott, pour offrir une carte de géographie au lecteur et pour faire la topographie de son drame. Il ne décrit point, comme lord Byron, par amour de la magnifique nature, et pour étaler une suite splendide de tableaux grandioses. Il ne songe ni à obtenir l'exactitude, ni à choisir la beauté. Frappé d'un spectacle quel

miles upon miles of hedge-divided country, with the distant fringe of trees as obvious as the scare-crow in the beanfield close at hand: in a trembling, vivid, flickering instant, everything was clear and plain then came a flush of red into the yellow light; a change to blue; a brightness so intense that there was nothing else but light: and then the deepest and profoundest darkness.

(Martin Chuzzlewit, t. II, p. 245. Éd. Tauschnitz.)

conque, il s'exalte, et éclate en figures imprévues. Tantôt ce sont les feuilles jaunies que le vent poursuit, qui s'enfuient et se culbutent, frissonnantes, effarées, d'une course éperdue, se collant aux sillons, se noyant dans les fossés, se perchant sur les arbres1. Ici c'est le vent de la nuit qui tourne autour d'une église, qui tâte en gémissant, de sa main invisible, les fenêtres et les portes, qui s'enfonce dans les crevasses, et qui, enfermé dans sa prison de pierre, hurle et se lamente pour en sortir. « Quand il a rôdé dans les ailes, lorsqu'il s'est glissé autour des piliers, et qu'il a essayé le grand orgue sonore, il s'envole, va choquer le plafond et tente d'arracher

1. It was small tyranny for a respectable wind to go wreaking its vengeance on such poor creatures as the fallen leaves; but this wind happening to come up with a great heap of them just after venting its humour on the insulted Dragon, did so disperse and scatter them that they fled away, pell-mell, some here, some there, rolling over each other, whirling round and round upon their thin edges, taking frantic flights into the air, and playing all manner of extraordinary gambols in the extremity of their distress. Nor was this enough for its malicious fury for not content with driving them abroad, it charged small parties of them and hunted them into the wheel-wright's saw-pit, and below the planks and timbers in the yard, and, scattering the sawdust in the air, it looked for them underneath, and when it did meet with any, whew! how it drove them on and followed at their heels!

The scared leaves only flew the faster for all this and a giddy chase it was for they got into unfrequented places, where there was no outlet, and where their pursuer kept them eddying round and round at his pleasure; and they crept under the eaves of houses, and clung tightly to the sides of hay-ricks, like bats; and tore in at open chamber windows, and cowered close to hedges; and, in short, went anywhere for safety.

(Martin Chuzzlewit, t. I, p. 10.)

les poutres, puis il s'abat désespéré sur le parvis, et s'engouffre en murmurant sous les voûtes. Parfois il revient furtivement et se traîne en rampant le long des murs. Il semble lire en chuchotant les épitaphes des morts. Sur quelques-unes, il passe avec un bruit strident comme un éclat de rire; sur d'autres, il crie et gémit comme s'il pleurait1. » - Jusqu'ici vous ne reconnaissiez que l'imagination sombre d'un homme du nord. Un peu plus loin, vous apercevez la religion passionnée d'un protestant révolutionnaire, lorsqu'il vous parle des sons funèbres que jette le vent allardé autour de l'autel, des accents sauvages avec lesquels il semble chanter les attentats que l'homme commet et les faux dieux que l'homme adore. Mais, au bout d'un instant, l'artiste reprend la

1. For the night-wind has a dismal trick of wandering round and round a building of that sort, and moaning as it goes; and of trying, with its unseen hand, the windows and the doors; and seeking out some crevices by which to enter. And when it has got in; as one not finding what he seeks, whatever that may be; it wails and howls to issue forth again and not content with stalking through the aisles, and gliding round and round the pillars, and tempting the deep organ, soars up to the roof, and strives to rend the rafters : then flings itself despairingly upon the stones below, and passes, muttering, into the vaults. Anon, it comes up stealthily, and creeps along the walls seeming to read, in whispers, the Inscriptions sacred to the Dead. At some of these, it breaks out shrilly, as with laughter; and at others, moans and cries as if it were lamenting. It has a ghostly sound too, lingering within the altar; where it seems to chaunt, in its wild way, of Wrong and Murder done, and false Gods worshipped; in defiance of the Tables of the Law, which look so fair and smooth, but are so flawed and broken. Ugh! Heaven preserve us, sitting snugly round the fire! It has an awful voice, that wind at Midnight, singing in a church!

But high up in the steeple! There the foul blast roars and

parole il vous conduit au clocher, et, dans le cliquetis des mots qu'il entasse, il donne à vos nerfs la sensation de la tourmente aérienne. Le vent siffle et gambade dans les arcades, dans les dentelures, dans les clochetons grimaçants de la tour; il se roule et s'entortille autour de l'escalier tremblant; il fait pirouetter la girouette qui grince.. Dickens a tout vu dans le vieux beffroi; sa pensée est un miroir, il n'y a pas un des détails les plus minutieux et les plus laids qui lui échappe. Il a compté les barres de fer rongées par la rouille, les feuilles de plomb ridées et recroquevillées, qui craquent et se soulèvent étonnées sous le pied qui les foule, les nids d'oiseaux délabrés et empilés dans les recoins des madriers moisis, la poussière grise entassée, les araignées mouchetées, indolentes, engraissées par une longue sécurité, qui, pendues par un fil, se balancent pa

whistles! High up in the steeple, where it is free to come and go through many an airy arch and loophole, and to twist and twine itself about the giddy stair, and twirl the groaning weathercock, and make the very tower shake and shiver! High up in the steeple, where the belfry is; and iron rails are ragged with rust; and sheets of lead and copper, shrivelled by the changing weather, crackle and heave beneath the unaccustomed tread; and birds stuff shabby nests into corners of old oaken joists and beams; and dust grows old and grey; and speckled spiders, indolent and fat with long security, swing idly to and fro in the vibration of the bells, and never loose their hold upon their thread-spun castles in the air, or climb up sailor-like in quick-alarm, or drop upon the ground and ply a score of nimble legs to save a life! Iligh up in the steeple of an old church, far above the light and murmur of the town and far below the flying clouds that shadow it, is the wild and dreary place at night and high up in the steeple of an old church, dwelt the Chimes I tell of. (Chimes, p. 5.)

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resseusement aux vibrations des cloches, et qui, sur une alarme soudaine, grimpent ainsi que des matelots après leurs cordages, ou se laissent glisser à terre et jouent prestement de leurs vingt pattes agiles, comme pour sauver une vie. Cette peinture fait illusion. Suspendu à cette hauteur, entre les nuages volants qui promènent leurs ombres sur la ville et les lumières affaiblies qu'on distingue à peine dans la vapeur, on éprouve une sorte de vertige, et l'on n'est pas loin de découvrir, comme Dickens, une pensée et une âme dans la voix métallique des cloches qui habitent ce château tremblant.

Il fait un roman sur elles, et ce n'est pas le seul de cette espèce. Dickens est un poète : il se trouve aussi bien dans le monde imaginaire que dans le réel. Ici, ce sont les cloches qui causent avec le pauvre vieux commissionnaire du coin et le consolent. Ailleurs. c'est le grillon du foyer qui chante toutes les joies domestiques, et ramène sous les yeux du maître désolé les heureuses soirées, les entretiens confiants, le bien-être, la tranquille gaieté dont il a joui et qu'il n'a plus. Ailleurs, c'est l'histoire d'un enfant malade et précoce qui se sent mourir, et qui, en s'endormant dans les bras de sa sœur, entend la chanson lointaine des vagues murmurantes qui l'ont bercé. Les objets, chez Dickens, prennent la couleur des pensées de ses personnages. Son imagination est si vive, qu'elle entraîne tout avec elle dans la voic qu'elle se choisit. Si le personnage est heureux, il faut que les pierres, les fleurs et les nuages le soient aussi;

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