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Griechenland und

24. Oct. 1879.

mière objection tirée de la configuration du pays est d'autant plus digne Nr. 7093. d'attention que si, comme n'en doutent point les Plénipotentiaires Ottomans, elle est reconnue juste et bien fondée, l'on devra en même temps reconnaître Türkei. que la Vallée du Pénéus ne saurait former la ligne-frontière qui, dans la pensée des deux Etats, doit contribuer à établir entre eux des rapports de stable et réciproque sécurité, et que l'adoption de cette ligne amènerait à bref délai le détachement du reste de la Thessalie de l'Empire et son annexion à la Grèce.

Deuxième Considération.

Le projet de séparation de l'Epire en deux parties, dont l'une située au sud de la Vallée du Calamas appartiendrait à la Grèce, et dont l'autre située au nord de cette vallée resterait à la Turquie, soulève des objections nombreuses et d'une gravité incontestable que les Plénipotentiaires Ottomans sont en devoir de signaler à leurs collègues de Grèce, comme ils viennent de le faire pour la Vallée du Pénéus. | En premier lieu, et par l'effet d'une coincidence singulière, il se trouve que, d'après le mode de partage que créerait l'adoption de la Vallée du Calamas, la partie de l'Epire qui serait cédée au sud de cette vallée comprend les seuls ports dignes de ce nom que possède l'Epire et tout le pays de Tosques sur la Mer Adriatique et parmi lesquels il faut citer le port de Preveza qui constitue le premier débouché maritime du pays, et ceux de Gumenitza, de Mourto, de Parga et d'Isplandja. || La partie nord de l'Epire et toute la Tosquarie jusqu'à Valona ne possèdent que des rades ouvertes, n'ayant jamais été et ne pouvant être utilisées pour le commerce maritime, de sorte que toute cette côte se trouvera privée, aussi bien que la partie nord de la Thessalie, de toute communication par mer avec les autres pays, et par conséquent de tout commerce important. Mais ici le mal emprunte aux conditions spéciales où se trouve le pays des Tosques une gravité exceptionnelle. | En effet, ce que l'on se propose d'enlever à la Turquie dans l'Epire, par l'adoption de la Vallée du Calamas, c'est la plaine; et ce que l'on veut lui laisser, c'est la montagne. Or, les habitants de ces contrées sont des montagnards qui n'ont d'autre industrie que l'élève du bétail et d'autre richesse que leurs troupeaux, qu'ils gardent dans leurs montagnes durant l'été et qu'ils ramènent l'hiver dans les plaines qui s'étendent entre la Vallée du Calamas et le Golfe d'Arta. || Le jour où l'accès de ces plaines leur sera fermé, le sort de ces populations sera des plus malheureux. Privécs de leurs seuls moyens de subsistance et poussées par le désespoir qu'engendre chez tout homme primitif la ruine de ses intérêts matériels, ces populations se livreront sans nul doute aux plus grands désordres. || Dès lors on peut prévoir que ces montagnards, pasteurs et guerriers à la fois et aujourd'hui déjà si souvent entraînés au brigandage, ne connaîtront plus d'autre métier. On reconnaîtra alors que la rectification de frontières qui devait avoir pour résultat de supprimer le brigandage et d'établir l'ordre et la sécurité dans ces contrées, aura produit un effet absolument opposé. || Ces maux, qu'il convient

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Nr. 7093. aux deux pays de prévoir et de prévenir, seraient encore aggravés, si la ligne und du Calamas était adoptée, par la répugnance invincible et non dissimulée que Türkei. ressentent les Tosques pour toute idée d'annexion à la Grèce. Le jour où ces populations, qui s'élèvent à près de 600,000 âmes, seront convaincues qu'on veut leur arracher la plus belle partie du pays où leurs intérêts les plus vitaux se trouvent établis, et qu'elles se verront privées de leurs pâturages, de leurs seuls ports, enfermées dans leurs montagnes et condamnées ainsi à renoncer à toute espérance de civilisation et de prospérité, elles entreront en pleine révolte, non-seulement contre ceux à qui l'on veut réunir le pays en question contrairement à leur volonté, mais encore contre ceux qu'elles accuseront de les avoir sacrifiées. Elles se soulèveront en masse et seront soutenues par les Guègues, qui forment une population de plus d'un million d'âmes, de sorte que, au lieu de l'apaisement que l'on a en vue, une conflagration dont nul ne peut prévoir les conséquences menacera d'éclater dans la péninsule des Balkans. || Tels sont les effets désastreux et plutôt atténués qu'exagérés de la cession à la Grèce de toute la partie de l'Epire située au sud de la Vallée du. Calamas. || Par ce qui précède, on voit clairement que si la ligne du Pénéus est de nature à faire perdre à la Turquie la partie de la Thessalie que l'on veut lui conserver, la ligne du Calamas en Epire présente des inconvénients et des dangers plus grands encore sur lesquels il n'est point permis de fermer les yeux.

Troisième Considération.

Dans la pensée du Premier Plénipotentiaire de France au Congrès de Berlin, promoteur du projet de rectification de frontières entre la Turquie et la Grèce, pensée à laquelle se sont associés les Représentants des autres Puissances, l'objet de cette rectification était de mettre fin aux agitations sans cesse renaissantes qui se produisent sur la frontière des deux pays et d'assurer à chacun d'eux la faveur d'une sécurité complète de libre développement de ses ressources. || Cette pensée commune est confirmée par les dernières communications échangées entre les Plénipotentiaires de Turquie et de Grèce, et qui portent que la rectification de frontières a pour but d'établir entre les deux pays des relations de stable et réciproque sécurité. || La première condition pour atteindre ce but est sans aucun doute que la ligne rectificative des frontières satisfasse aux voeux de la Grèce sans imposer à la Turquie un sacrifice qui lui paraîtrait trop onéreux et qui, si elle se résignait à le subir, ferait naître sur le territoire avoisinant des conflits sans fin et des convulsions sociales menaçant d'une désagrégation plus ou moins immédiate, une partie considérable de ses possessions. Il est, en outre, évident qu'en dehors de tous ces dangers un pareil sacrifice imposé à l'Empire laisserait subsister un sentiment de regret et d'humiliation inconciliable avec cet esprit d'apaisement et d'harmonie que l'on désire établir entre les deux pays. || Telle est précisément la situation qui serait faite à la Turquie si les Vallèes du

Calamas et du Pénéus étaient prises pour frontières, c'est-à-dire si le pays compris au sud de ces deux Vallées devait être cédé à la Grèce. La nation Ottomane considérerait cette solution non plus comme une rectification de frontières déterminée par l'intérêt réciproque des deux parties, mais bien comme une cession territoriale imposée à la Turquie sans compensation et destinée à amener après elle la perte de territoires beaucoup plus considérables encore. || Le sentiment national repousse donc la ligne proposée au Congrès de Berlin, comme constituant un sacrifice incompatible avec l'idée d'une simple rectification de frontières, comme un grave danger pour l'avenir et comme étant plutôt propre à jeter entre les deux pays des ferments d'hostilité et de ressentiment que d'établir entre eux des rapports de stable et réciproque sécurité. || Les Plénipotentiaires Ottomans demandent qu'il soit tenu compte de cette considération qui a un caractère général et doit être envisagée comme une objection capitale indépendante de toutes celles que soulève l'étude de la ligne aux divers points de vue politique, orographique et stratégique. Sur ce dernier point, c'est-à-dire en ce qui touche les questions stratégiques, les observations que comporte la ligne générale du Calamas et du Pénéus seront présentées par les officiers attachés à la Délégation Ottomane pour cet objet spécial. || De tout ce qui précède, il ressort clairement que la ligne générale résultant des indications géographiques soumises au Congrès de Berlin doit subir des modifications essentielles, et que les deux pays ont un égal intérêt à les rechercher et à les admettre afin d'amener entre eux une stable et réciproque sécurité. || Les Plénipotentiaires Ottomans prient instamment leurs collègues de Grèce de vouloir bien accorder toute leur attention aux considérations exposées si franchement dans le présent Mémoire, qui donne un aperçu fidèle bien qu'incomplet des graves objections que soulève la ligne générale recommandée au Congrès de Berlin. Ils espèrent que leurs collègues répondront à leurs objections avec la même franchise, et ils se déclarent prêts à prendre loyalement en sérieuse considération toute démonstration contraire.

Nr. 7093. Griechenland und

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Griechische Erklärung.

Nous avons l'honneur de vous proposer le tracé de la nouvelle ligne d'aprés les indications géographiques du Protocole No. 13 que nous prises comme bases premières et que nous avons développées au point de vue de la sécurité des deux Etats et dans l'interêt des rapports de bon voisinage que nous désirons cimenter. || Le point de départ de la nouvelle ligne serait entre Dion (Malathria) et Spits sur la côte de la Mer Egée. || Elle continuerait jusqu'au sommet de la Montagne Flambouros et en suivant successivement la crête des montagnes de Sapka, d'Amorbés, de Cambounias et Kassia elle arriverait au village Crania. De là elle suivrait le courant de Vovoursa jusqu'au village Polizzani. | Elle monterait ensuite sur la crête des montagnes Bouko

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Nr. 7093. pule, suivrait le torrent Lumis. Suckos et, en passant, entre les villages Derund vissian et Lazzarates, elle monterait sur la crête des Montagnes Lupati. ConTürkei. tinuant ensuite sur la montagne du même nom, elle aboutirait d'un point à fixer sur la côte de la Mer Ionienne entre les villages Buerni et Lupoti. || En traçant cette ligne nous avions sous les yeux la Carte de l'Etat-Major Autrichien. Cette carte, sans répondre exactement à l'état des lieux, est toutefois la moins imparfaite; c'est dire que ses indications auront toujours besoin d'être rectifiées sur les lieux par des personnes compétentes. || Nous n'entrerons pas dans les détails qui justifient chaque point de cette ligne. Nous nous bornerons à dire qu'en la traçant nous nous sommes inspirés de la pensée qu'a dictée le Protocole No. 13 et l'Article XXIV du Traité de Berlin, qui en est inséparable. La sécurité réciproque de deux Etats limitrophes dépend en grande partie du principe qu'on adopte en traçant leur frontière commune, et il est généralement admis que les lignes naturelles, telles que les crêtes des montagnes et la ligne de partage des eaux sont toujours préférables. || La continuité du territoire et l'homogénéité de la population sont aussi des raisons qu'il ne faut pas négliger. Identité de race, de langue, de foi, d'histoire ancienne et récente, et d'aspirations nationales manifestées à plusieurs reprises, tout concourt à justifier l'annexion à la Grèce des populations qui sont comprises dans la ligne tracée plus haut. || Pour la Turquie, elles sont et elles le seront encore plus dans l'avenir une cause de faiblesse et de difficultés toujours renaissantes. Annexées à la Grèce, elles seraient un gage de bonne intelligence entre les deux pays et de paix pour l'avenir. C'était là la pensée de l'Europe au moment où elle réglait cette partie essentielle et intégrante des stipulations de Berlin. Les Plénipotentiaires Hellènes ont la conviction qu'ils l'ont fidèlement suivie en traçant la ligne qu'ils ont l'honneur de proposer à leurs honorables collègues.

Nr. 7094.

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und

Nr. 7094.

GRIECHENLAND und TÜRKEI. Gegenseitige Erklärungen in der
Kommissionssitzung vom 29. October 1879.

Türkische Erklärung.

Après avoir soulevé dans le sein de cette Conférence, par leur Déclaration demandant aux Plénipotentiaires Ottomans la cession immédiate d'un territoire Türkei. déterminé, l'incident préliminaire, qui a occupé six longues séances, nos ho29. Oct. 1879. norables collègues de Grèce, ont enfin consenti à discuter la ligne générale

résultant des indications du Protocole No. 13 du Congrès de Berlin et ont insisté que nous prissions l'initiative de cette discussion en leur faisant connaître les inconvénients que cette ligne présente à nos yeux. Nous avons fait tout notre possible pour donner à nos travaux une direction plus régulière et

Nr. 7094. Griechenland und Türkei. 29. Oct. 1879.

nous avons essayé de convaincre nos collègues que c'était à eux de commencer
la discussion par l'exposé des raisons qui la leur faisaient considérer comme
avantageuse pour les deux Etats et propre à établir entre eux des rapports
de stable et réciproque sécurité. Nos efforts ont été infructueux; car
honorables collègues nous ont proposé d'en inférer encore à leur Gouvernement,
ce qui aurait donné lieu à un nouveau retard. Nous avons donc présenté un
Mémoire exposant souverainement, dans le but d'ouvrir la discussion, les prin-
cipaux inconvénients que présente la ligne générale indiquée à Berlin. || Nos
honorables collègues nous ayant constamment déclaré deux mois durant qu'ils
entendaient ne reconnaître et ne vouloir discuter cette ligne, nous étions en
droit d'espérer que notre travail serait pris en considération et qu'ils entre-
raient en discussion par la réfutation ou l'acceptation de nos arguments. Quel
n'a
pas été notre étonnement de voir les Plénipotentiaires de Sa Majesté.
Hellénique présenter un Mémoire préparé avant de prendre connaissance de
nos observations et destiné à soumettre à la Conférence une ligne tout-à-fait
différente de celle du Congrès de Berlin, ligne qui détacherait de l'Empire
Ottoman presque le double du territoire compris dans les indications géo-
graphiques du Congrès de Berlin. Nous avons été péniblement impressionnés
par cette démarche de nos honorables collègues; car elle nous éloigne du but
que nous nous étions loyalement proposé et compromet sérieusement l'entente
désirée en vue de laquelle nous avons cherché à ap lanir toutes les difficultés
Pour faire sentir toute la gravité de cette manière de procéder, nous n'aurions
qu'à y opposer un procédé analogue, c'est-à-dire, nous écarter vers le midi
autant que nos collègues se sont écartés vers le nord. Nous nous expliquons."
Il est dit dans le Protocole que les Vallées de Pénéus et du Calamas forment
pour la Grèce une limite qu'elle ne doit pas dépasser. || Or, une vallée con-
stitue un espace compris entre deux hauteurs et, comme son Excellence
M. Braïlas nous le disait dans nos séances précédentes, ces vallées existent
et on ne saurait les effacer de la carte par la raison qu'elles sont indiquées
au Protocole. Nous l'avons dit et nous le répétons, nous n'acceptons cette
ligne qu'après discussion et à la condition de lui faire subir des modifications
fondamentales; mais en supposant pour un instant que cette ligne dût former
la frontière définitive des deux pays, la question de savoir comment et où
elle doit être tracée se pose immédiatement. Pour la résoudre nous n'avons
qu'à lui appliquer la théorie soutenue par nos honorables collègues. MM. les
Plénipotentiaires nous ont présenté une ligne qui s'éloigne des deux vallées et
va trouver vers le nord une limite conforme à leurs aspirations; mais, cela
faisant, et en quelque sorte pour justifier leur procédé, ils établissent comme
principe qu'une ligne-frontière ne doit pas être formée par des thalwegs de
fleuves, mais par des éminences. En suivant cette théorie, nous devons aban-
donner le thalweg du Calamas et du Pénéus et nous reporter sur les hauteurs
qui bornent les vallées. Il resterait seulement à décider si ces hauteurs doi-
vent être celles du nord ou celles du midi. Mais, suivant les principes les

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