Lapas attēli
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associé de Hobs et Dobs sourit en la reconduisant à sa voiture blasonnée, garnie du gros cocher asthmatique ! Comme nous savons, lorsqu'elle vient nous rendre visite, découvrir l'occasion d'apprendre à nos amis sa position dans le monde ! Nous leur disons (et avec une parfaite sincérité): « Je voudrais avoir la signature de miss Mac-Whirter pour un bon de cinq mille guinées. Elle ne serait pas à court, dit votre femme. Elle est ma tante, >> dites-vous d'un air aisé, insouciant, quand votre ami vous demande si par hasard elle ne serait pas votre parente. Votre femme lui envoie à chaque instant de petits témoignages d'affection; vos petites filles font pour elle un nombre infini de paniers en tapisserie, de coussins, de tabourets. Quel bon feu dans sa chambre lorsqu'elle vient vous rendre visite! Votre femme s'en passe quand elle lace son corset. La maison, pendant tout le temps de cette visite, prend un air propre, agréable, confortable, joyeux, un air de fête qu'elle n'a point en d'autres saisons. Vous-même, mon cher monsieur, vous oubliez d'aller dormir après dîner, et vous vous trouvez tout d'un coup (quoique vous perdiez invariablement) très-amoureux du whist. Quels bons diners vous offrez ! Du gibier tous les jours, du madèremalvoisie, et régulièrement du poisson de Londres. Les gens de cuisine eux-mêmes prennent part à la prospérité générale. Je ne sais pas comment la chose arrive; mais pendant le séjour du gros cocher de miss Mac-Whirter, la bière est devenue beaucoup plus forte, et dans la chambre des enfants (où sa bonne prend ses repas) la consommation du thé et du sucre n'est plus surveillée du tout. Cela est-il vrai ou non? J'en appelle aux classes moyennes. Ah! pouvoirs célestes! que ne m'envoyez-vous une vieille tante,- une tante fille, une tante avec une voiture blasonnée et un chapeau couleur café clair! Comme mes enfants broderaient pour elle des sacs à ouvrage ! comme ma Julia et moi nous serions aux petits soins pour elle! Douce, douce vision ! O vain, trop vain rêve1!

1. What a dignity it gives an old lady, that balance at the banker's! How tenderly we look at her faults if she is a rela

LITT. ANGL.

IV 6

Il n'y a pas à se méprendre. Le lecteur le plus décidé à ne pas être averti est averti. Quand nous aurons une tante à grosse succession, nous estimerons à leur juste valeur nos attentions et notre tendresse. L'auteur a pris la place de notre conscience, et le roman, transformé par la réflexion, devient une école de mœurs.

tive (and may every reader have a score of such)! What a kind good-natured old creature we find her! How the junior partner of Hobbs and Dobbs leads her smiling to the carriage with the lozenge upon it, and the fat wheezy coachman! How, when she comes to pay us a visit. we generally find an opportunity to let our friends know her station in the world! We say (and with perfect truth) I wish I had miss Mac Whirter's signature to a cheque for five thousand pounds. She wouldn't miss it, says your wife. She is my aunt, say you, in an easy careless way, when your friend asks if miss Mac Whirter is any relative? Your wife is perpetually sending her little testimonies of affection, your little girls work endless worsted baskets, cushions, and foot-stools for her. What a good fire there is in her room when she comes to pay you a visit, although your wife laces her stays without one! The house during her stay assumes a festive, neat, warm, jovial, snug appearance not visible at other seasons. You yourself, dear sir, forget to go to sleep after dinner, and find yourself all of a sudden (though you invariably lose) very fond of a rubber. What good dinners you have game every day, Malmsey-Madeira, and no end of fish from London. Even the servants in the kitchen share in the general prosperity; and, somehow, during the stay of miss Mac Whirter's fat coachman, the beer is grown much stronger, and the consumption of tea and sugar in the nursery (where her maid takes her meals) is not regarded in the least. Is it so, or is it no so? I appeal to the middle classes. Ah, gracious powers! I wish you would send me an old aunt a maiden aunt an aunt with a lozenge on her carriage, and a front of light coffeecoloured hair how my children should work work-bags for her, and my Julia and I would make her comfortable! Sweetsweet vision! Foolish-foolish dream! (Vanity Fair, t. II, p. 121.)

II

On fouette très-fort dans cette école; c'est le goût anglais. Des goûts et des verges, il ne faut pas disputer; mais sans disputer on peut comprendre, et le plus sûr moyen de comprendre le goût anglais est de l'opposer au goût français.

Je vois chez nous, dans un salon de gens d'esprit ou dans un atelier d'artistes, vingt peeronnes vives: elles ont besoin de s'amuser, c'est là leur fond. Vous pouvez leur parler de la scélératesse humaine, mais c'est à la condition de les divertir. Si vous vous mettez en colère, elles seront choquées; si vous faites la leçon, elles bâilleront. Riez, c'est ici la règle, non pas cruellement et par inimitié visible, mais par belle humeur et par agilité d'esprit. Cet esprit si leste veut agir; pour lui, la découverte d'une bonne sottise est la rencontre d'une bonne fortune. Comme une flamme légère, il glisse et gambade par subites échappées sur la surface effleuréedes objets. Contentez-le en l'imitant, et, pour plaire à des gens gais, soyez gai. Soyez poli, c'est le second commandement, tout semblable à l'autre. Vous parlez à des gens sociables, délicats, vaniteux, qu'il faut ménager et flatter. Vous les blesseriez en essayant d'emporter leur conviction de force, à coups pressés d'arguments solides, par un étalage d'éloquence et d'indignation. Faites leur assez d'honneur pour sup

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poser qu'ils vous entendent à demi-mot, qu'un sourire indiqué vaut pour eux un syllogisme établi, qu'une fine allusion entrevue au vol les touche mieux que la lourde invasion d'une grosse satire géométrique. Songez enfin (ceci entre nous) qu'en politique comme en religion, depuis mille ans, ils sont très-gouvernés, trop gouvernés; que lorsqu'on est gêné, on a envie de ne plus l'être, qu'un habit trop étroit craque aux coudes et ailleurs. Volontiers ils sont frondeurs; volontiers ils entendent insinuer les choses défendues, et souvent par abus de logique, par entraînement, par vivacité, par mauvaise humeur, ils frappent à travers le gouvernement la société, à travers la religion, la morale. Ce sont des écoliers tenus trop longtemps sous la férule; ils cassent les vitres en ouvrant les portes. Je n'ose pas vous exhorter à leur plaire; je remarque seulement que pour leur plaire un grain d'humeur séditieuse ne nuit pas.

Je franchis sept lieues de mer, et me voici dans une grande salle sévère, garnie de bancs multipliés, ornée de becs de gaz, balayée, régulière, club de controverses ou temple de sermons. Il y a là cinq cents longues figures, tristes, roides ', et au premier coup d'œil il est clair qu'elles n'y sont point pour s'amuser. Dans ce pays, un tempérament plus grossier, surchargé d'une nourriture plus lourde et plus. forte, a ôté aux impressions leur mobilité rapide, et la pensée, moins facile et moins prompte, a perdu

1. Their usual english expression of intense gloom, and subdued agony. (Thackeray, the Book of Snobs.)

avec sa vivacité sa gaieté. Si vous raillez devant eux, songez que vous parlez à des hommes attentifs, concentrés, capables de sensations durables et profondes, incapables d'émotions changeantes et soudaines. Ces visages immobiles et contractés veulent garder la même attitude : ils répugnent aux sourires fugitifs et demi-formés; ils ne savent se détendre, et leur rire est une convulsion aussi roide que leur gravité. N'effleurez pas, appuyez; ne glissez pas, enfoncez; ne jouez pas, frappez; comptez que vous devez remuer violemment des passions violentes, et qu'il faut des secousses pour mettre ces nerfs en action. - Comptez encore que vos gens sont des esprits pratiques, amateurs de l'utile, qu'ils viennent ici pour être instruits, que vous leur devez des vérités solides, que leur bon sens un peu étroit ne s'accommode point d'improvisations aventureuses ni d'indications hasardées, qu'ils exigent des réfutations développées et des explications complètes, et que s'ils ont payé leur billet d'entrée c'est pour écouter des conseils applicables et de la satire prouvée. Leur tempérament vous demande des émotions fortes; leur esprit vous demande des démonstrations précises. Pour plaire à leur tempérament, il ne faut point égratigner, mais supplicier le vice; pour plaire à leur esprit, il ne faut point railler par des saillies, mais par des raisonnements. - Encore un mot : là-bas, au milieu de l'assemblée, regardez ce livre doré, magnifique, royalement posé sur un coussin de velours. C'est la Bible; il y a autour d'elle cinquante moralistes qui dernièrement se

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