Lapas attēli
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ment amollir ce cœur farouche enfiévré de colère féminine, aigri par le désappointement et l'offense, exalté par de longs rêves de puissance et de primauté, et que sa virginité rend plus sauvage? Mais comme la colère lui sied, et qu'elle est belle! Et comme cette fougue de sentiment, cette altière déclaration d'indépendance, cette chimérique ambition de réformer l'avenir révèlent la générosité et la hauteur d'un cœur jeune épris du beau! On convient que la querelle sera décidée par un combat de cinquante contre cinquante. Le prince est vaincu, et Ida le voit sanglant sur le sable. Lentement, par degrés, en dépit d'elle-même, elle cède aux prières, recueille les blessés dans son palais et vient au lit du mourant. Devant sa langueur et son délire, la pitié éclot, puis la tendresse, puis l'amour, « comme une campanule des Alpes, humide de larmes matinales, auprès de quelque froid glacier, fragile d'abord et

You have saved our life: we owe you bitter thanks:
Better have died and spilt our bones in the flood —
Then men had said but now what hinders me
To take such bloody vengeance on you both? —
Yet since our father Wasps in the solemn hive,
You would-be quenchers of the light to be,
Barbarians, grosser than your native bears

O would I had his sceptre for one hour!

You that have dared to break our bound, and gull'd
Our tutors, wrong'd and lied and thwarted us
I wed with thee! I bound by precontract

Your bride, your bondslave! not tho' all the gold

That veins the world were pack'd to make your crown,

And every spoken tongue should lord you. Sir,

Your falsehood and your face are loathsome to us:

I trample on your offers and on you:

Begone! we will not look upon you more.

Here, push them out at gates. »

faible, mais qui de jour en jour prend de l'éclat1. » Un soir, il revient à lui, épuisé, les yeux encore troublés de visions funèbres; il la voit flotter devant lui comme un rêve, ouvre péniblement ses lèvres pâles, et lui dit tout bas : « Si vous êtes cette Ida que j'ai connue, je ne vous demande rien; mais si vous êtes un songe, doux songe, achevez-vous. Je mourrai cette nuit; - baissez-vous, et faites semblant de m'embrasser avant que je meure'. Elle se retourna; elle s'arrêta; elle se baissa; et avec un grand tremblement de cœur, nos lèvres se rencontrèrent. Du fond de ma langueur jaillit un cri, l'Amour couronné s'élançant des bords de la mort, et tout le long des veines frémissantes l'âme monta, et se colla dans un baiser de feu sur la bouche d'Ida. Je retombai en arrière, et de

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mes bras elle se leva, noble honte.

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toute rougissante d'une

enveloppe avait

et la laissait l'Immortelle,

Toute la fausse glissé à ses pieds comme une robe, femme, plus aimable que l'autre,

lorsqu'elle sortit de l'abîme stérile pour conquérir l'amour, - et que le long de son corps le

tout par

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From all a closer interest flourish'd up

Tenderness touch by touch, and last, to these,
Love, like an Alpine harebell hung with tears

By some cold morning glacier; frail at first

And feeble, all unconscious of itself,

But such as gather'd colour day by day.

<< If you be, what I think you, some sweet dream,

I would but ask you to fulfil yourself:

But if you be that Ida whom I know,

I ask you nothing: only, if a dream,

Sweet dream, be perfect. I shall die to-night.

Stoop down and seem to kiss me ere I die, »

cristal ruisselant coulait, et qu'elle volait au loin le long des îles empourprées,-nue, comme une double lumière dans l'air et dans la vague'. » Voilà l'accent de la Renaissance, tel qu'il est sorti du cœur de Spenser et de Shakspeare; ils ont eu cette adoration voluptueuse de la forme et de l'âme, et ce divin sentiment de la beauté.

V

Il y a une autre chevalerie qui ouvre le moyen âge comme celle-ci le ferme, chantée par des enfants comme celle-ci par des jeunes gens, et retrouvée dans lés Idylles du roi comme celle-ci dans la Princesse. C'est la légende d'Arthur, de Merlin et des chevaliers de la Table-Ronde. Avec un art admirable, Tennyson en a renouvelé les sentiments et le langage; cette âme flexible prend tous les tons pour se donner tous les plaisirs. Cette fois il s'est fait épique, an

1.

She turn'd; she paused;

She stoop'd; and with a great shock of the heart
Our mouths met out of languor leapt a cry,
Crown'd Passion from the brinks of death, and up
Along the shuddering senses struck the soul,

And closed on fire with Ida's at the lips;
Till back I fell, and from mine arms she rose
Glowing all over noble shame; and all
Her falser self slipt from her like a robe,
And left her woman, lovelier in her mood
Than in her mould that other, when she come
From barren deeps to conquer all with love,
And down the streaming crystal dropt, and she
Far-fleeted by the purple island-sides,
Naked, a double light in air and wave.

tique et naïf, comme Homère et comme les vieux trouvères des chansons de Geste. Il est doux de sortir de notre civilisation savante, de remonter vers l'âge et les mœurs primitives, d'écouter le paisible discours qui coule abondamment et lentement comme un fleuve sur une pente unie. Le propre de l'ancienne épopée est la clarté et le calme. Les idées viennent de naître; l'homme est heureux et encore enfant. Il n'a pas eu le temps de raffiner, de ciseler et d'enluminer sa pensée; il la montre toute nue. Il n'est point encore aiguillonné par des convoitises multipliées; il pense à loisir. Toute idée l'intéresse; il la développe curieusement; il l'explique. Son discours ne bondit jamais; il va pas à pas d'un objet à l'au¬ tre, et tout objet lui semble beau; il s'arrête, il regarde et se complaît à regarder. Cette simplicité et cette paix sont étranges et charmantes; on se laisse aller, on est bien, on ne désire pas aller plus vite; il semble que volontiers on resterait toujours ainsi. Car la pensée primitive est la pensée saine; nous n'avons fait que l'altérer par les greffes et la culture; nous y revenons comme dans notre fonds le plus intime pour y trouver le contentement et le repos.

Mais entre toutes les épopées, ce qui distingue celle de la Table-Ronde, c'est la pureté. Arthur, « le roi irréprochable, » a assemblé «< cette glorieuse compagnie, la fleur des hommes, pour servir de modèle au vaste monde, et pour être le beau commencement d'un âge. Il leur a fait mettre leurs mains dans les siennes, jurer de respecter leur roi comme

s'il était leur conscience, et leur conscience comme si elle était leur roi; de ne point dire de calomnie et de n'en point écouter; de passer leur douce vie dans la plus pure chasteté; de n'aimer qu'une jeune fille, de s'attacher à elle; de lui offrir pour culte des années de nobles actions. » Il y a une sorte de plaisir raffiné à manier un pareil monde; car il n'y en a point où puissent naître de plus pures et de plus touchantes fleurs. Je n'en montrerai qu'une, Elaine, « le lis d'Astolat, » qui, ayant vu Lancelot une seule fois, l'aime à présent qu'il est parti, et pour toute sa vie. Elle garde dans la tourelle le bouclier qu'il a laissé, et tous les jours elle y monte pour le contempler, comptant les marques des coups de lance et vivant de ses rêves. Il est blessé, elle va le soigner et le guérit. Et cependant elle murmurait : « En vain, en vain; cela ne peut pas être. Il ne m'aimera pas. Quoi donc, faut-il que je meure? >> <«< Puis, comme un pauvre petit oiseau innocent — qui n'a qu'un simple chant de quelques notes, répète son simple chant et le répète toujours, pendant toute une matinée d'avril, jusqu'à ce que l'oreille se lasse de l'entendre, ainsi l'innocente enfant allait la moitié de la nuit répétant: « Faut-il que je meure1? » Elle se

1.

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<< She murmur'd » « vain, in vain: il cannot be.
He will not love me: how then? must I die. »

Then as a little helpless innocent bird,
That has but one plain passage of fine notes,
Will sing the simple passage o'er and o'er

For all an april morning, till the ear

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