Lapas attēli
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terrible, et ce n'était pas une petite chose pour eux que la façon de l'adorer1. « Supposez qu'il s'agisse « pour vous d'un intérêt vital et infini, que votre «< âme tout entière, rendue muette par l'excès de son «< émotion, ne puisse en aucune façon l'exprimer, en « sorte qu'elle préfère le silence à toute expression possible, que diriez-vous d'un homme qui s'avan<«< cerait pour l'exprimer à votre place au moyen << d'une mascarade et à la façon d'un tapissier déco«rateur? Cet homme-là, qu'il s'en aille vite, s'il << a soin de lui-même! - Vous avez perdu votre fils unique; vous êtes muet, écrasé, vous n'avez pas <«< même de larmes; un importun, avec toutes sortes d'importunités, vous offre de célébrer pour lui des «< jeux funéraires à la façon des anciens Grecs! >> Voilà ce qui a soulevé la révolution, et non la taxe des vaisseaux ou toute autre vexation politique : « Vous << pouvez me prendre ma bourse, mais non anéantir « mon âme. Mon âme est à Dieu et à moi2. >>- Et le

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1. On Heroes, p. 323.

2. Suppose now it were some matter of vital concernment, some transcendant matter (as Divine worship is) about which your whole soul struck dumb with its excess of feeling knew not how to form itself into utterance at all, and preferred formless silence to any utterance there possible. What should we say of a man coming forward to represent or utter it for you in the way of upholsterer-muminery? Such a man let him depart swiftly, if he love himself! You have lost your only son, are mute, struck down, without even tears: an importunate man importunately offers to celebrate funeral games for him in the manner of the Greeks. (On Heroes, p. 323.)

You may take my purse.... but the self is mine and God my maker's. (On Heroes, p. 330.)

même sentiment qui les a faits rebelles les a faits vainqueurs'. On ne comprenait pas comment la discipline avait pu subsister dans une armée où un caporal inspiré gourmandait un colonel tiède. On trouvait étrange que des généraux qui cherchaient en pleurant le Seigneur eussent appris dans la Bible l'administration et la stratégie. On s'étonnait que des fous eussent été des hommes d'affaires. C'est qu'ils n'étaient point des fous, mais des hommes d'affaires; toute la différence entre eux et les gens pratiques que nous connaissons, c'est qu'ils avaient une conscience : cette conscience était leur flamme; le mysticisme et les rêves n'en étaient que la fumée. Ils cherchaient le vrai, le juste, et leurs longues prières, leurs prédications nasales, leurs citations bibliques, leurs larmes, leurs angoisses, ne font que marquer la sincérité et l'ardeur avec lesquelles ils s'y portaient. Ils lisaient leur devoir en eux-mêmes; la Bible ne faisait que les y aider. Au besoin, ils la violentaient quand ils voulaient vérifier par des textes les suggestions de leur propre cœur. C'est ce sentiment du devoir qui les réunit, les inspira et les soutint, qui fit leur discipline, leur courage et leur audace, qui souleva jusqu'à l'héroïsme antique Hutchinson, Milton et Cromwell, qui provoqua toutes les actions décisives, toutes les résolutions grandioses, tous les succès extraordinaires, la déclaration de la guerre, le jugement du roi, la purgation du Parle

1. T. I, p. 120.

ment, l'humiliation de l'Europe, la protection du protestantisme, la domination des mers. Ces hommes sont les véritables héros de l'Angleterre; ils manifestent en haut relief les caractères originels et les plus nobles traits de l'Angleterre, la piété pratique, le gouvernement de la conscience, la volonté virile, l'énergie indomptable. Ils ont fondé l'Angleterre à travers la corruption des Stuarts et l'amollissement des mœurs modernes, par l'exercice du devoir, par la pratique de la justice, par l'opiniâtreté du travail, par la revendication du droit, par la résistance à l'oppression, par la conquête de la liberté, par la répression du vice. Ils ont fondé l'Écosse; ils ont fondé les États-Unis; ils fondent aujourd'hui, par leurs descendants, l'Australie et colonisent le monde. Carlyle est si bien leur frère, qu'il excuse ou admire leurs excès, l'exécution du roi, la mutilation du parlement, leur intolérance, leur inquisition, le despotisme de Cromwell, la théocratie de Knox. Il nous les impose pour modèles, et ne juge le passé ou le présent que d'après eux.

V

C'est pour cela qu'il n'a vu que le mal dans la Révolution française. Il la juge aussi injustement qu'il juge Voltaire, et pour les mêmes raisons. Il n'entend pas mieux notre manière d'agir que notre manière de penser. y cherche le sentiment puri

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tain, et comme il ne l'y trouve pas, il nous condamne. L'idée du devoir, l'esprit religieux, le gouvernement de soi-même, l'autorité de la conscience. austère, peuvent seuls, à son gré, réformer une société gâtée, et rien de tout cela ne se rencontrait dans la société française. La philosophie qui a produit et conduit la révolution était simplement destructive, proclamant pour tout Évangile « que les » mensonges sociaux doivent tomber, et que dans » les matières spirituelles suprasensibles, il n'y a » rien de croyable. La théorie des droits de l'homme, empruntée à Rousseau, n'était « qu'un jeu logique, une pédanterie, à peu près aussi opportune qu'une théorie des verbes irréguliers. » Les mœurs en vogue étaient l'épicurisme de Faublas. La morale en vogue était la promesse du bonheur universel. Incrédulité, bavardage creux, sensualité, voilà les ressorts de cette réforme. On déchaîna les instincts et l'on renversa les barrières. On remplaça l'autorité corrompue par l'anarchie effrénée. A quoi pouvait aboutir une jacquerie de paysans abrutis, lâchés par des raisonneurs athées? « La destruction << accomplie, restèrent les cinq sens inassouvis, et le «< sixième sens insatiable, la vanité; toute la nature démoniaque de l'homme apparut, » et avec elle «<le cannibalisme". >> - - Ajoutez donc le bien à côté du mal, et marquez les vertus à côté des vices! Ces sceptiques croyaient à la vérité prouvée, et ne vou

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1. French Revolution, t. I, p. 295, 20 et 77.

2. For ourselves we answer that French Revolution means here

laient qu'elle pour maîtresse. Ces logiciens ne fondaient la société que sur la justice, et risquaient leur vie plutôt que de renoncer à un théorème établi. Ces épicuriens embrassaient dans leurs sympathies l'humanité tout entière. Ces furieux, ces ouvriers, ces Jacques sans pain, sans habits, se battaient à la frontière pour des intérêts humanitaires et des principes abstraits. La générosité et l'enthousiasme ont abondé ici comme chez vous; reconnaissez-les sous une forme qui n'est point la vôtre. Ils sont dévoués à la vérité abstraite comme vos puritains à la vérité divine; ils ont suivi la philosophie comme vos puritains la religion; ils ont eu pour but le salut uni

the open violent rebellion and victory of disimprisoned anarchy against corrupt worn-out authority.

So thousandfold complex a Society ready to burst up from its infinite depths; and these men its rulers and healers, without liferule for themselves - other life-rule than a Gospel according to Jean Jacques! To the wisest of them, what we must call the wisest, man is properly an accident under the sky. Man is without duty round him, except it be to make the Constitution. He is without Heaven above him, or Hell beneath him, he has no God in the world.

While hollow languor and vacuity is the lot of the upper and want and stagnation of the lower, and universal misery is very certain, what other thing is certain? That a lie cannot be believed! Philosophism knows only this: Her other relief is mainly that in spiritual suprasensual matters, no belief is possible... What will remain? The five unsatiated sense will remain, the sixth insatiable sense (of vanity); the whole dæmoniac nature of man will remain.

Man is not what we call a happy animal; his appetite for sweet victual is o enormous.... (He cannot subsist) except by girding himself together for continual endeavour and endurance. (French Revolution, t. I, passim.)

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