Lapas attēli
PDF
ePub

$ 3.

SA PHILOSOPHIE, SA MORALE ET SA CRITIQUE.

« Ceci n'est pas une métaphysique, ou quelque « autre science abstraite ayant son origine dans la «< tête seule, mais une philosophie de la vie, ayant << son origine aussi dans le cœur, et parlant au cœur1. » Carlyle a conté, sous le nom de Teufelsdroeckh, toute la suite des émotions qui y conduisent. Ce sont celles d'un puritain moderne; ce sont les doutes, les désespoirs, les combats intérieurs, les exaltations et les déchirements par lesquels les anciens puritains arrivaient à la foi : c'est leur foi sous d'autres formes. Chez lui comme chez eux, l'homme spirituel et intérieur se dégage de l'homme extérieur et charnel, démêle le devoir à travers les sollicitations du plaisir, découvre Dieu à travers les apparences de la nature, et, au delà du monde et des instincts sensibles, aperçoit un monde et un instinct surnaturels.

I

Le propre de Carlyle, comme de tout mystique, c'est de voir en toute chose un double sens. Pour

1. However it may be with Metaphysics, and other abstract science originating in the head (Verstand) alone, no Life-Philo

[ocr errors]

lui, les textes et les objets sont capables de deux interprétations: l'une grossière, ouverte à tous, bonne pour la vie usuelle; l'autre sublime, ouverte à quelques-uns, propre à la vie supérieure. «< Aux yeux de la vulgaire logique, dit Carlyle, qu'est-ce que <«< l'homme? Un bipède omnivore qui porte des cu<«<lottes. Aux yeux de la pure raison, qu'est-il ? Une «< âme, un esprit, une divine apparition. >> « Il y « a un moi mystérieux caché sous ce vêtement de «< chair. Profond est son ensevelissement sous ce vê<< tement étrange, parmi les sons, les couleurs et « les formes, qui sont ses langes et son linceul. Et << pourtant ce vêtement est tissé dans le ciel et digne «< de Dieu1. » — « Car la matière est esprit, mani<< festation de l'esprit. La chose visible, qu'est-elle, << sinon un habit, le vêtement de quelque chose de supérieur et d'invisible, d'inimaginable et sans << forme, obscurci par l'excès même de son éclat ....

[ocr errors]

sophy (Lebensphilosophie), such as this of Clothes pretends to be, which originates equally in the Character (Gemüth), and equally speaks thereto, can attain its significance till the Character itself is known and seen.

1. Sartor, p. 75, 76, 83, 259.

2. For Matter, were it never so despicable, is Spirit, the manifestation of Spirit: were it never so honourable, can it be more? The thing visible, nay the thing imagined, the thing in any way conceived as visible, what is it but a garment, a clothing of the higher, celestial invisible unimaginable, formless, dark with excess of bright?"

66

All visible things are emblems; what thou seest is not there on its own account; strictly taken, is not there at all Matter exists only spiritually, and to represent some Idea, and body it forth.

«To es les choses visibles sont des emblèmes : ce <«< que tu vois n'est pas là pour son propre compte. « A proprement parler, il n'y a rien là. La matière << n'existe que spirituellement, pour représenter quel

que idée et l'incarner extérieurement. Est-ce que l'imagination n'est pas obligée de tisser des vête<<ments, des corps visibles par lesquels les inspira«<tions et les créations invisibles de notre raison « sont révélées comme le seraient des esprits, et de<< viennent toutes-puissantes? » Le langage, la poésie, les arts, l'Eglise, l'État ne sont que des symboles. <«< Ainsi, c'est par des symboles' que l'homme est (( guidé et commandé, heureux ou misérable; il se << trouve de toutes parts enveloppé des symboles re«< connus comme tels ou non reconnus. Tout ce qu'il << a fait n'est-il pas symbolique? sa vie n'est-elle pas « une révélation sensible du don de Dieu, de la force mystique qui est en lui? » Montons plus haut encore, et regardons le Temps et l'Espace, ces deux abîmes que rien ne semble pouvoir combler ni détruire, et sur lesquels flottent notre vie et notre uni

[ocr errors]

1. In the Symbol proper, what we can call a Symbol, there is ever, more or less distinctly and directly, some embodiment and revelation of the Infinite; the Infinite is made to blend itself with the Finite, to stand visible, and as it were, attainable there. By Symbols, accordingly, is man guided and commanded, made happy, made wretched. He everywhere finds himself encompassed with Symbols, recognised as such or not recognised: the Universe is but one vast Symbol of God: nay if thou wilt have it, what is man himself but a Symbol of God? Is not all that he does symbolical; a revelation to Sense of the mystic god-given Force that is in him?

vers. « Ils ne sont que les formes de notre pensée.... <«<< Il n'y a ni temps ni espace, ce ne sont que de grandes apparences », enveloppes de notre pensée et de notre monde1. Notre racine est dans l'éternité; nous avons l'air de naître et de mourir, mais véritablement nous sommes. « Sache bien que les ombres << du temps ont seules péri et sont seules périssa«bles, que la substance réelle de tout ce qui fut et « de tout ce qui est existe en ce moment même et « pour toujours. » Tels que nous voilà, avec notre chair et nos sens, nous nous croyons solides; mais tout cet extérieur n'est qu'un fantôme. « Ces mem«<bres, cette forme tempêtueuse, ce sang vivant «< avec ses passions ardentes, ce ne sont que pous<< sières et ombres, un système d'ombres rassemblées << autour de notre moi. Nous y glapissons, nous piau«<lons dans nos disputes et nos aigres récrimina<«<tions de hiboux criards; nous passons sinistres, « et faibles, et craintifs, ou bien nous hurlons et << nous nous démenons dans notre folle danse des « morts, jusqu'à ce que l'odeur de l'air du matin « nous rappelle à notre demeure silencieuse et que

1. But deepest of all illusory Appearances, for hinding Wonder, as for many other ends, are your two grand fundamental world-enveloping. Appearances, SPACE and TIME. These, as spun and woven for us from before Birth itself, to clothe our celestial ME for dwelling here, and yet to blind it, lie all-embracing, as the universal canvass, or warp and woof, whereby all minor Illusions, in this Phantasm Existence, weave and paint themselves.

2. Sartor, p. 313, 412.

« la nuit pleine de songes s'éveille et devienne « le jour'. >>

Qu'y a-t-il donc au-dessous de toutes ces vaines apparences? Quel est cet être immobile dont la nature n'est que «< la robe changeante et vivante? » Nul ne le sait; si le cœur le devine, l'esprit ne l'aperçoit pas. « La création s'étale devant nous <«< comme un glorieux arc-en-ciel; mais le soleil qui <«<le fait reste derrière nous, hors de notre vue2. » Nous n'en avons que le sentiment, nous n'en avons point l'idée. Nous sentons que cet univers est beau et terrible; mais « son essence restera toujours sans nom. » Nous n'avons qu'à tomber à genoux devant cette face voilée; la stupeur et l'adoration sont notre véritable attitude. « La science sans vénération « est stérile, peut-être vénéneuse. L'homme qui ne « peut pas vénérer, qui ne sait pas habituellement

1. O Heaven, it is mysterious, it is awful to consider that we not only carry each a future Ghost within him; but are, in very deed, Ghosts! These Limbs, whence had we them; this stormy Force; this life-blood with it burning Passion? They are dust and shadow; a shadow-system gathered round our ME; wherein, through some moments or years, the Divine Essence is to be revealed in the flesh.

And again, do we not squeak and gibber (in our discordant, screech-owlish debatings and recriminatings); and glide bodeful, and feeble, and fearful; or uproar (poltern), and revel in our mad dance of the Dead, till the scent of the morning-air summons us to our still home; and dreamy night becomes awake and day?

--

2. Creation, says one, lies before us like a glorious rainbow; but the sun that made it lies behind us, hidden from us.

3. Past and Present, p. 76. — Sartor, p. 78, 304, 314.

« iepriekšējāTurpināt »